(Londres) Le premier ministre britannique Boris Johnson a riposté jeudi aux accusations incendiaires d’incompétence face à la pandémie de coronavirus lancées la veille par son ancien conseiller Dominic Cummings, assurant avoir fait tout son possible pour sauver des vies.

Le chef du gouvernement, qui a visité jeudi matin un hôpital dans l’Essex (est), a affirmé avoir dû prendre une « série de décisions incroyablement difficiles » lors de cette crise sanitaire, soulignant qu’« à chaque étape, nous avons été guidés par la détermination à protéger des vies ».

« Certains des commentaires que j’ai entendus n’ont aucun rapport avec la réalité », a-t-il affirmé.

Audition accablante pour Johnson

Mercredi, lors de sept heures d’audition devant une commission parlementaire, son ancien conseiller Dominic Cummings a attaqué la gestion par le gouvernement de la pandémie qui a fait près de 128 000 morts au Royaume-Uni, pays le plus endeuillé d’Europe.  

PHOTO PARLEMENT BRITANNIQUE, VIA AGENCE FRANCE-PRESSE

L'ancien conseiller spécial de Boris Johnson, Dominic Cummings, durant son audition le 26 mai devant une commission parlementaire.

Six mois après son départ sur fond de luttes internes, Dominic Cummings, 49 ans, cerveau de la campagne victorieuse pour le Brexit en 2016 et architecte de l’éclatante victoire de Boris Johnson aux législatives de décembre 2019, s’est montré impitoyable envers le premier ministre, jugé « inapte ».

Selon lui, le dirigeant conservateur a ignoré les conseils des scientifiques et tardé à prendre la mesure de la gravité de la situation. M. Cummings a notamment accusé le gouvernement de ne pas avoir protégé les résidents de maisons de retraite de l’épidémie en les autorisant à retourner dans ces établissements après une hospitalisation sans avoir subi de dépistage de la COVID-19, répandant ainsi le virus au sein d’une population vulnérable.

« On ne savait pas, au début de la pandémie, comment le virus peut se transmettre de manière asymptomatique, et c’est l’une des raisons pour lesquelles nous avons eu certains des problèmes que nous avons constatés dans les maisons de retraite », a affirmé Boris Johnson.

Enquête publique en 2022

Son ministre de la Santé, Matt Hancock, s’est défendu lors d’une conférence de presse en expliquant qu’il fallait préalablement faire augmenter la capacité de diagnostic avant de pouvoir le faire. « Nous ne l’avions pas, il fallait la construire », a-t-il déclaré, « je me souviens que je me suis engagé à effectuer les tests lorsque nous pourrions le faire… et que j’ai ensuite respecté mon engagement. C’est la façon normale de faire les choses au gouvernement ».

Pour Dominic Cummings, des « dizaines de milliers » de morts auraient pu être évitées, une affirmation qui faisait la une de plusieurs quotidiens jeudi.

À la suite de ces accusations, l’opposition a réclamé que soit avancée l’ouverture de l’enquête publique sur la gestion de la pandémie par le gouvernement, prévue en 2022.

Lors de son audition, M. Cummings a également accusé le ministre de la Santé d’avoir « menti à de nombreuses occasions, réunion après réunion », mais aussi « publiquement ». Il a estimé que M. Hancock était incompétent et aurait dû être « viré ».

Ces accusations sont « fausses » et « non fondées », a réagi le ministre de la Santé, répondant jeudi aux questions de l’opposition à la Chambre des communes.  

« J’ai toujours été franc avec les gens en public et en privé », a-t-il affirmé. Selon M. Hancock, le gouvernement avait adopté « une approche ouverte, transparente, expliquant à la fois ce que nous savons et ce que nous ne savons pas ».

Sur le plan sanitaire, le Royaume-Uni voit les contaminations repartir à la hausse, avec plus de 3500 nouveaux cas enregistrés jeudi. Le variant d’abord identifié en Inde représente entre la moitié et trois quarts des nouveaux cas, a expliqué Matt Hancock, soulignant que la campagne de vaccination avait jusqu’ici permis d’éviter 13 200 décès et 39 700 hospitalisations.