(Bruxelles) Le Parlement européen exclut d’examiner l’accord UE-Chine sur les investissements si Pékin maintient les contre-sanctions infligées à des personnalités du continent, dont des eurodéputés, en réponse aux sanctions décidées par Bruxelles à cause du traitement réservé aux Ouïghours.

Le Parlement « subordonne à la levée des sanctions par la Chine (son) examen de l’accord sur les investissements », est-il écrit dans une résolution votée jeudi à une très large majorité (599 voix pour, 30 contre et 58 abstentions).

Il invite également « la Commission à utiliser la négociation » de cet accord « comme un levier pour améliorer la protection des droits de l’homme et soutenir la société civile en Chine ».

Droits de la personne en Chine

« Le Parlement tiendra compte de la situation des droits de l’homme en Chine, y compris à Hong Kong, lorsqu’il sera invité à approuver cet accord », est-il souligné dans cette résolution.

La Commission européenne, qui est chargée de la politique commerciale des 27 États membres de l’UE, a conclu fin 2020 un accord surprise avec Pékin sur les investissements, après des années de blocage.  

L’Allemagne, dont les industries convoitent le marché chinois, était l’un des plus ardents promoteurs de ce texte.

Mais l’UE a depuis imposé des sanctions à la Chine, accusée de violations des droits de la personne dans la région du Xinjiang.  

Sanctions chinoises contre des universitaires européens

Pékin a répliqué en prenant des sanctions contre divers parlementaires européens, des universitaires et le centre de réflexion allemand MERICS.

Dans ce contexte, le vice-président de la Commission, Valdis Dombrovskis, avait déclaré début mai à l’AFP que les « efforts » de ses services pour faire ratifier l’accord sur les investissements avaient été « suspendus ».

« Dans la situation actuelle […] l’environnement n’est pas propice à la ratification » du texte, avait-il dit.

Ce « gel de tout examen de l’accord », ainsi que de « toute discussion sur l’approbation de celui-ci par le Parlement européen » est justifié, estiment les eurodéputés dans le texte voté jeudi.  

Le commissaire européen au Marché intérieur, Thierry Breton, a récemment déclaré que l’accord n’était « pas vraiment un accord », mais plutôt « une intention ».

L’UE a dernièrement durci sa politique vis-à-vis de la Chine, l’un de ses deux principaux partenaires commerciaux avec les États-Unis, avec qui elle s’efforce cependant de maintenir un périlleux équilibre économique et diplomatique.

L’accord avec la Chine vise principalement, côté européen, à ouvrir le très hermétique marché chinois aux entreprises de l’UE.