(Genève) L’opposant russe Alexeï Navalny, emprisonné et en grève de la faim depuis trois semaines, est « en grave danger » et doit pouvoir être évacué à l’étranger, ont exigé mercredi quatre experts des droits humains mandatés par l’ONU.

« Nous demandons instamment aux autorités russes de veiller à ce que M. Navalny ait accès à ses propres médecins et de lui permettre d’être évacué à l’étranger pour un traitement médical urgent, comme elles l’ont fait en août 2020. Nous réaffirmons que le gouvernement russe est responsable de la vie et de la santé de M. Navalny pendant sa détention », écrivent-ils dans un communiqué.

« Nous pensons que la vie de M. Navalny est en grave danger », affirment ces experts indépendants nommés par le Conseil des droits de l’homme de l’ONU mais qui ne s’expriment pas en son nom.

Selon ses proches, M. Navalny, qui a cessé de s’alimenter le 31 mars pour protester contre ses conditions de détention, serait mourant. L’Occident réclame sa libération et la vérité sur son empoisonnement en août 2020 et dans lequel les services spéciaux seraient impliqués.

« Nous sommes profondément troublés par le fait que M. Navalny soit maintenu dans des conditions qui pourraient s’apparenter à la torture ou à des peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants », soulignent les quatre experts, qui sont les Rapporteurs spéciaux sur la liberté d’opinion et d’expression, sur la torture, sur les exécutions sommaires ou arbitraires et sur le droit à la santé physique et mentale.

« Les violations apparentes de l’interdiction de la torture ou d’autres mauvais traitements, de son droit à un avocat et, plus particulièrement, de son droit à des soins médicaux rapides et effectifs pendant sa détention ne font qu’accroître nos inquiétudes déjà profondes concernant la vie et la sécurité de M. Navalny », poursuivent-ils.

Ils estiment que M. Navalny fait l’objet depuis plusieurs années d’« un schéma délibéré de représailles » en raison de ses critiques à l’encontre du gouvernement russe.

« Comme nous l’avons déjà noté, à la lumière des arrêts et des mesures provisoires de la Cour européenne des droits de l’Homme, il n’existe aucune base juridique valable pour l’arrestation, le procès et l’emprisonnement de M. Navalny à Pokrov », assurent-ils.

Les quatre experts indiquent avoir fait part de leurs préoccupations au gouvernement russe, notamment par le biais de deux lettres officielles envoyées en août et décembre 2020, dans lesquelles ils avaient fait part de leurs inquiétudes concernant l’empoisonnement au Novichok de M. Navalny.