(Berlin) Une ancienne secrétaire d’un camp de concentration nazi a été mise en accusation pour complicité de meurtres dans plusieurs milliers de cas, a annoncé vendredi la justice allemande, ouvrant la voie à un futur procès.

« L’acte d’accusation incrimine celle qui était adolescente à l’époque de complicité de meurtres dans plus de 10 000 cas. Dans d’autres cas, elle est poursuivie pour complicité dans des tentatives de meurtre », écrit le parquet de Itzehoe (nord-ouest de l’Allemagne) dans un communiqué.  

Il s’agirait de la première femme jugée dans une procédure judiciaire concernant les atrocités nazies, alors que plusieurs hommes ont été poursuivis ces dernières années par la justice allemande.

Le ministère public lui reproche d’avoir entre juin 1943 et avril 1945 « apporté son aide aux responsables du massacre systématique de prisonniers juifs, de partisans polonais et de prisonniers de guerre soviétiques russes dans sa fonction de sténographe et de secrétaire du commandant de l’ancien camp de concentration Stutthof », situé à 40 km de la ville de Gdansk, aujourd’hui en Pologne.

Dans la mesure où « certains prisonniers ont survécu à leur séjour dans le camp malgré les conditions hostiles, certains des actes doivent être évalués judiciairement comme une tentative » de meurtre, précise le parquet.

Celui-ci n’a pas précisé ni le nom ni l’âge de l’accusée qui devrait cependant avoir plus de 90 ans. Adolescente entre 1943 et 1945, elle sera éventuellement jugée devant une cour spéciale pour mineurs.

La tenue d’un procès n’est toutefois pas encore assurée : la justice doit d’abord décider si, en raison de son grand âge, elle est apte à être renvoyée éventuellement devant un tribunal.

En 2019, la chaîne régionale publique NDR avait assuré que 29 procédures concernant des crimes nazis étaient encore en cours en Allemagne. Parmi eux, figurait une femme de 94 ans, Irmgard F., ancienne secrétaire personnelle d’un commandant de ce camp et qui vit aujourd’hui dans une maison de retraite au nord d’Hambourg.  

Ces dernières années, l’Allemagne a jugé et condamné plusieurs anciens SS et élargi aux gardiens de camps le chef d’accusation de complicité de meurtre, illustrant la sévérité accrue, quoique jugée très tardive par les victimes, de sa justice.

En juillet 2020, le tribunal de Hambourg avait condamné à deux ans de prison avec sursis Bruno Dey, un ancien garde de camp de concentration de 93 ans pour complicité dans des milliers de meurtres à Stutthof.