(Londres) Le premier ministre britannique Boris Johnson est venu mercredi à la rescousse d’un député menacé de sanction pour ses activités de lobbying en amorçant une révision des règles, ce qui a suscité des accusations de « corruption » de l’opposition.

Alors que son parti a été éclaboussé par un récent scandale mettant en lumière les liaisons dangereuses entre pouvoir et milieux d’affaires, Boris Johnson a déclaré qu’il était « mal » d’effectuer du lobbying rémunéré à la Chambre des communes.

Il veut faire changer les règles

Mais il a apporté son soutien à une refonte des règles pour permettre à tout député mis en cause de se défendre et de faire appel si besoin.

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Le député et ancien ministre conservateur Owen Paterson est intervenu auprès de ministres dans l’intérêt de deux entreprises qui le payaient comme consultant.

L’affaire a débuté avec une enquête de la commission parlementaire chargée des normes concluant que le député et ancien ministre conservateur Owen Paterson avait fait pression à plusieurs reprises auprès de ministres pour défendre deux entreprises pour lesquelles il agissait en tant que consultant rémunéré.

Estimant qu’il s’agissait d’une violation « flagrante » des règles encadrant le lobbying, la commission a recommandé la suspension du député du Parlement pendant 30 jours.

Mais le député a contesté cette décision, jugeant le processus « biaisé » et « injuste ».

Ses alliés du camp conservateur ont déposé mercredi un amendement à la Chambre des communes, appelant à réexaminer son cas et revoir le système de règles encadrant les députés.

Les députés ont adopté de justesse cet amendement, à 250 voix pour, 232 voix contre, ce qui a provoqué des cris de « Honte » dans les rangs de l’opposition.

« Pourris jusqu’à la moelle »

La dirigeante adjointe du Parti travailliste, Angela Rayner, a accusé les conservateurs d’être « pourris jusqu’à la moelle » et de « changer les règles » quand cela les arrangeait.

« Aujourd’hui, les Tories ont voté pour donner un feu vert à la corruption », a dénoncé Mme Rayner, annonçant que son parti ne participerait pas à un nouveau comité chargé de revoir le règlement.

Au lieu de punir un député pour de graves violations des règles, qui ont été déterminées par une enquête approfondie et indépendante, le parti du gouvernement a choisi de simplement supprimer les règles. C’est extrêmement dommageable pour la confiance dans notre démocratie et l’état de droit.

Daniel Bruce, directeur général de l’ONG anticorruption Transparency International UK.

Au printemps, les activités de lobbying de l’ancien premier ministre conservateur David Cameron en faveur de la société financière en faillite Greensill avaient provoqué d’importants remous politico-financiers au Royaume-Uni.

Cette affaire avait alimenté les régulières accusations de favoritisme visant le gouvernement conservateur.