(Sarajevo) Washington a adressé jeudi un avertissement au leader serbe bosnien Milorad Dodik, qui brandit régulièrement ces derniers temps la menace d’une sécession de l’entité serbe de Bosnie, mais qui s’est montré défiant en affirmant que le pays balkanique n’avait « aucune chance de survivre ».

Membre serbe de la présidence collégiale bosnienne, Milorad Dodik s’est entretenu avec l’émissaire des États-Unis pour les Balkans occidentaux, Gabriel Escobar, trois jours après avoir annoncé la formation dans « quelques mois » d’une armée des Serbes de Bosnie.

« Les menaces de sécession et un retour en arrière dans les réformes des institutions d’État sont » contraires à l’accord de paix de Dayton (États-Unis) qui avait mis fin à la guerre intercommunautaire en Bosnie (1992-95, 100 000 morts), a dit le sous-secrétaire adjoint au département d’État américain à M. Dodik, selon un tweet de l’ambassade des États-Unis à Sarajevo.  

Elles « n’offrent que l’isolement et le désespoir économique aux citoyens de la Republika Srpska (RS) », l’entité des serbes de Bosnie, a-t-il ajouté.

M. Escobar « a réitéré l’engagement ferme des États-Unis en faveur de la souveraineté et l’intégrité territoriale de la Bosnie-Herzégovine ».

L’accord de paix de Dayton a consacré la division du pays en deux entités, une serbe et l’autre croato-musulmane, reliées par des institutions centrales.

Ces institutions ont été solidifiées au fil des années par des réformes arrachées par la communauté internationale, notamment des pays occidentaux.

Mais Milorad Dodik les conteste, surtout l’armée et la justice, et évoque souvent l’éventualité d’une indépendance de l’entité serbe. Il vient d’annoncer la formation dans « quelques mois » d’une armée propre à l’entité serbe, contestant l’armée commune du pays.

Les forces armées bosniennes, qui comptent 10 000 soldats et personnels civils, ont été mises en place en 2006, onze ans après le conflit.

M. Dodik a raconté de son côté, en conférence de presse à Sarajevo, que l’entretien par téléphone a été organisé à la demande du responsable américain qui lui a fait savoir « que des sanctions (étaient) prêtes ».

« Je lui ai dit de cesser de menacer, parce que s’ils continuent de menacer, alors nous ne discuterons pas. L’ambiance de violence qui avait été exercée par son administration n’est plus possible maintenant », a dit M. Dodik, qui se trouve déjà, depuis 2017, sur une liste noire du Trésor américain pour « obstruction à l’accord de Dayton ».

Il a réitéré ses positions sur le pays dont il est co-président. « Nous parlons de la sécession comme d’une solution qui s’imposera d’elle-même […] mais nous n’avons aucun plan. Personne n’a fait un plan en ce sens », a-t-il dit.

Selon lui, la Bosnie n’a « aucune chance de survivre, malgré les efforts de qui que ce soit des États-Unis et de l’Europe occidentale ».