(Iakoutsk) La république sibérienne de Iakoutie, en proie depuis des semaines à des incendies de forêt dévastateurs, était confrontée vendredi à une épaisse fumée qui suscite l’inquiétude de ses habitants, a constaté un journaliste de l’AFP.

Si la Sibérie connaît chaque année à d’importants incendies, ceux-ci sont particulièrement virulents cet été, ayant déjà ravagé plus de 16,6 millions d’hectares, selon les chiffres officiels, tout particulièrement en Iakoutie.

Cette région russe vaste mais peu peuplée a vu 9,4 millions d’hectares partir en fumée, soit plus que la taille du Portugal, et les autorités ont dû décréter un jour férié vendredi en raison de la fumée dégagée par les incendies.

« La situation est très mauvaise, il y a beaucoup de fumée et c’est difficile de respirer », a déclaré à l’AFP Ievguénia Boubiakina, une habitante de 87 ans de Iakoutsk, la capitale régionale.

« C’est une catastrophe », a renchéri Elizaveta, une adolescente de 16 ans.

Le ministère russe des Situations d’urgence, dont le chef est arrivé jeudi en Iakoutie, a annoncé avoir mis en service un centre d’opération spécial pour faire face aux feux dans la région, grande comme quasiment cinq fois la France.

Selon le ministère, plus de 5000 personnes, pompiers et volontaires, luttent actuellement contre les incendies en Iakoutie, où le président russe Vladimir Poutine avait ordonné mardi de redoubler d’efforts pour les maîtriser.

L’agence spatiale américaine, la NASA, a signalé samedi que la fumée avait « traversé plus de 3000 km pour atteindre le pôle Nord, ce qui semble être une première dans l’histoire documentée ».

Dans la région de Tchéliabinsk dans l’Oural, les autorités ont annoncé avoir relevé des niveaux de sulfure d’hydrogène supérieurs à la normale en raison de la fumée en provenance de Iakoutie, située 3800 km plus au nord-est, et conseillé à la population de fermer les fenêtres la nuit.

Fin juillet, les pompiers et les responsables officiels rencontrés sur place par l’AFP avaient expliqué manquer d’hommes, d’équipements et d’autres ressources pour faire face à l’ampleur des incendies.

Les écologistes mettent quant à eux en cause la politique russe de lutte contre les incendies de forêt, et notamment un décret gouvernemental de 2015 permettant aux autorités locales d’ignorer des incendies si le coût pour les éteindre dépasse les dommages estimés.

S’il est difficile de lier un incendie en particulier au changement climatique, ce dernier rend ces catastrophes plus probables et virulentes et les scientifiques russes relèvent que les feux actuels sont bien une conséquence de la hausse globale des températures.