(Londres) Le Royaume-Uni a atteint lundi son objectif de proposer au moins une première dose de vaccin contre le coronavirus aux plus de 50 ans à la mi-avril, un nouveau succès de la campagne de vaccination auquel les Anglais peuvent trinquer en terrasse après un long hiver confiné.

Face au bilan sanitaire plus lourd que dans tout autre pays en Europe occidentale — plus de 127 000 morts — le gouvernement de Boris Johnson s’est lancé dans une campagne de vaccination massive dont il parvient à tenir l’ambitieux calendrier.

Avec trois jours d’avance sur l’échéance de la mi-avril, l’objectif de proposer au moins une première dose de vaccin à tous les plus de 50 ans, aux personnes les plus vulnérables ou les plus exposées, a été rempli lundi, a annoncé dans la soirée Downing Street.

Plus de 32 millions de personnes ont reçu au moins une dose depuis début décembre, soit près de 60 % de la population adulte du pays, qui compte 66 millions d’habitants.

Boris Johnson a salué une nouvelle étape « hautement significative » et réaffirmé son objectif de proposer au moins une première dose à tous les adultes d’ici au 31 juillet.

Et ce malgré les difficultés d’approvisionnement et la décision de limiter par précaution aux plus de 30 ans le vaccin AstraZeneca, essentiel dans l’arsenal britannique, en raison des craintes autour de rares cas de caillots sanguins qui ont causé au moins 19 morts pour 20 millions de doses administrées dans le pays.

Bière dès le matin

Après plus de trois mois de confinement dû à l’explosion de l’épidémie cet hiver en raison d’un variant plus contagieux, les Anglais ont pu retrouver un peu de libertés avec une nouvelle étape du déconfinement progressif. Direction les terrasses des pubs - pour certains dès le matin - les salons de coiffure et les magasins.

« Ça arrive enfin, après tous ces mois ! », s’exclame Kobi Wise, 32 ans, en savourant une bière fraîche au Half Moon, un pub de l’est de Londres, dans le « beer garden » où il s’est rendu dès l’ouverture, avancée à 9 h pour l’occasion, abrité du crachin par des parasols.  

Autour de lui, une douzaine d’étudiants se sont répartis sur deux tables-les groupes de foyers différents sont limités à six personnes maximum et demeurent interdits à l’intérieur.   

À Oxford Street, la grande artère commerçante de la capitale, des clients portant un masque de protection ont formé des queues devant des magasins de vêtements dès 5 h 30, bravant le froid deux heures avant les premières réouvertures des commerces non essentiels.  

À Londres comme dans le reste de l’Angleterre, les coiffeurs sont surmenés, certains ayant rouvert dès minuit pour répondre à la demande.

Depuis le troisième confinement décrété début janvier, voire décembre pour certaines régions comme Londres, contaminations, hospitalisations et décès sont en chute libre.

Ombre d’inquiétude sur un tableau sanitaire encourageant, un foyer de 44 cas confirmés et 30 cas probables du variant apparu en Afrique du Sud a été détecté dans le sud de Londres, selon le ministère de la Santé, qui a annoncé lundi soir le déploiement d’une campagne massive de test localisée, la plus importante du genre jusqu’ici.

La joie d’un retour progressif à la normale a cependant été ternie par la mort vendredi du prince Philip, 99 ans, qui a plongé le Royaume-Uni dans un deuil national jusqu’aux obsèques samedi.

Appels à la prudence

PHOTO JESSICA TAYLOR, PARLEMENT BRITANNIQUE/AFP

Le premier ministre Boris Johnson

Boris Johnson a ainsi reporté sa sortie au pub, mais s’est présenté pour l’hommage au Parlement avec une chevelure toujours ébouriffée mais allégée par les coups de ciseaux d’un coiffeur.

Outre les terrasses et les magasins, les Anglais peuvent aussi retrouver salles de sport, spas, bibliothèques, piscines et zoos, et partir en vacances dans le pays.

Malgré l’embellie, les appels à la prudence se sont multipliés pour éviter une résurgence trop important des contaminations, que les autorités sanitaires jugent inévitable.

Le calendrier du déconfinement, qui varie dans les quatre nations qui constituent le Royaume-uni, prévoit en Angleterre la réouverture le 17 mai de la restauration en salle, tout comme celle des hôtels, musées, salles de spectacle et tribunes des stades, avec des capacités limitées.  

Les voyages à l’étranger sont interdits au moins jusqu’à cette date, par crainte d’importer des variants du coronavirus résistants aux vaccins actuels.

Les enterrements restent limités à 30 participants, contraignant la famille royale à prévoir des obsèques en petit comité samedi pour le prince Philip.