(Paris) Le mouvement de grève dans l’éducation pour demander un renforcement du protocole sanitaire dans les établissements scolaires était faiblement suivi mardi selon les chiffres du ministère, bien plus pour les syndicats, qui espèrent que « l’avertissement » sera entendu.

Malgré un renforcement du protocole sanitaire dans les lycées pour enrayer la deuxième vague de l’épidémie de COVID-19, des enseignants sont en grève pour réclamer une limitation du brassage des élèves à l’école et au collège.

Selon le ministère, ce mouvement à l’appel d’une intersyndicale (FSU, FNEC-FP-FO, CGT Educ’action, SNALC, SUD et SNCL-FAEN) s’est traduit par un taux de grévistes de 8,78 % dans le primaire et de 10,36 % dans le secondaire (collèges et lycées).

Les syndicats font de leur côté état d’un taux de grévistes plus élevé. « On est autour de 20 % dans le primaire », a déclaré à l’AFP Guislaine David, la secrétaire générale du Snuipp-FSU, premier syndicat du primaire, alors que le Snes-FSU, premier syndicat du secondaire, dénombre « environ 45 % de grévistes au collège ».

Dès la semaine prochaine, le ministère de la Santé va mettre à disposition des établissements scolaires un million de tests antigéniques à destination des personnels, avait-on lundi auprès du ministère de l’Éducation nationale.

Confronté à la grogne naissante de ses personnels, le ministre Jean-Michel Blanquer avait aussi annoncé la semaine dernière de nouvelles mesures pour limiter les risques de contamination dans les lycées, en autorisant davantage de cours à distance, à condition de conserver au moins 50 % d’enseignement en « présentiel » pour chaque élève.  

Mais les tensions restent fortes, notamment au collège. « Les classes sont surchargées, les couloirs sont bondés, les cantines sont encombrées, comme en lycée. Il est incompréhensible que le collège ne bénéficie pas de mesures de protection (sanitaire) renforcées », a fustigé mardi le Snes-FSU.  

« Si on ne fait rien, on va devoir fermer les établissements d’ici quelques semaines », prévient la secrétaire générale Frédérique Rolet.

« Soi-disant renforcé »

Charles Martin, professeur, remplaçant en lycée à Mourenx et Orthez et responsable CGT Educ’action pour les Pyrénées-Atlantiques, a manifesté mardi matin devant les services du rectorat à Pau avec une soixantaine d’autres professeurs.

« Nous demandons un dédoublement des classes à l’intérieur même des établissements, en présentiel, mais avec un recrutement massif de personnel pour permettre cet encadrement. C’est indispensable », a-t-il déclaré à l’AFP, réclamant aussi que ces mesures soient « étendues au collège, car rien n’est fait à ce niveau ».  

Dans le Rhône, la secrétaire départementale du Snes-FSU, Nadège Pagliaroli, évoque « une forte mobilisation » dans certains établissements de Lyon et de Vénissieux. « Depuis la rentrée de novembre, le protocole est soi-disant renforcé mais chaque dispositif est mis en place “dans la mesure du possible” et comme les établissements n’ont ni les moyens ni les locaux, très souvent… ce n’est pas possible », a-t-elle expliqué.

A Paris, des tentatives de blocages ont eu lieu mardi matin dans cinq lycées, a indiqué le rectorat à l’AFP.  

Dans le primaire aussi, les inquiétudes demeurent. « L’objectif (du gouvernement) est que les écoles restent ouvertes jusqu’en juin, mais sans moyens supplémentaires, comment assurer le non-brassage, la distanciation, la réduction des effectifs ? », s’interroge Guislaine David, secrétaire générale du Snuipp-FSU.

« C’est une grève en forme d’avertissement ; il va falloir que le ministère y réponde car la question des remplacements va devenir de plus en plus problématiques dans les semaines qui viennent ; la profession risque de craquer », selon elle.

« Il est urgent de se mettre autour de la table avec le ministère pour trouver des solutions d’accueil des élèves telles que des gymnases afin de mettre en place des demi-groupes, qui vont nous permettre de tenir sur la longueur », estime aussi la responsable syndicale.

La FCPE (parents d’élèves) va dans le même sens. « On sait notamment à Paris que la mairie a dressé une liste de lieux disponibles pour accueillir des enfants et donc désengorger les classes, alors qu’attendons-nous ? », s’interroge Rodrigo Arenas, son président.