(Paris) Livre d’or et aréopage de ministres pour un hommage au musée d’Orsay, allocution de son fils à Chamalières : la France a salué mercredi la mémoire de l’ancien président Valéry Giscard d’Estaing, à l’occasion d’une sobre journée de deuil national.

L’ancien chef de l’État, décédé il y a tout juste une semaine, n’avait pas souhaité d’hommage national alors qu’en septembre 2019 une cérémonie nationale avait été organisée pour l’ancien président Jacques Chirac.

Une minute de silence a été observée à midi dans plusieurs institutions, dont les drapeaux ont été mis en berne, ainsi qu’au conseil des ministres à la demande du président de la République.

« C’est mon enfance qui part un peu » : quelques Parisiens ont bravé le froid pour venir au musée d’Orsay dans la matinée signer le livre d’or ouvert en l’honneur de l’ancien chef de l’État, « un grand bonhomme », « précurseur » parfois « incompris ».

Un grand nombre de ministres ainsi que des responsables politiques se sont rendus dans l’après-midi au musée, où le chef du gouvernement Jean Castex a salué la famille de « VGE » (son épouse Anne-Aymone et ses trois enfants Valérie-Anne, Henri et Louis) avant de signer le registre de condoléances.

« Il est important que le pays lui rende cet hommage parce que face au tumulte de la vie politique, chacun voit aujourd’hui, en sérénité, ce qu’il a laissé », a affirmé à la sortie du musée le ministre de l’Éducation Jean-Michel Blanquer, tandis que le président du Sénat Gérard Larcher saluait « un homme qui a marqué l’histoire de notre pays à un moment de mutation de la société ».

Etaient également présents le président du Conseil constitutionnel Laurent Fabius, plusieurs chefs de parti (François Bayrou pour le Modem, Marine Le Pen pour le RN et Christian Jacob pour LR) ainsi que les anciens premiers ministres Edouard Philippe et Bernard Cazeneuve.

« VGE », qui présida la France le temps d’un seul mandat, de 1974 à 1981, est décédé à l’âge de 94 ans le 2 décembre des suites de la COVID-19, entouré des siens dans sa propriété d’Authon, petit village du Loir-et-Cher où il a été enterré samedi dans la plus stricte intimité familiale.

Pas « foule » comme Johnny

Emmanuel Macron, qui avait décrété cette journée de deuil national en l’honneur de cette « figure centrale de l’histoire de notre République », saluée par tous comme un modernisateur et un Européen convaincu, devait recevoir sa famille à l’Élysée en milieu d’après-midi.

« C’est un président qui a porté la cause des femmes haut et fort », a rappelé après la cérémonie au musée d’Orsay la ministre déléguée à l’Egalité femmes-hommes Elisabeth Moreno, en allusion notamment à la légalisation de l’IVG initiée sous sa présidence.

Le musée d’Orsay à Paris, créé en 1977 à l’initiative de l’ancien président, et fermé normalement pour cause de COVID-19, a été exceptionnellement ouvert pour la signature du Livre d’or.

Arrivé le premier pour signer le registre, Jean-Michel Quenet, ancien assistant parlementaire de « VGE », a salué sa « modernité ».  

« C’est grâce çà lui que j’ai eu la chance d’être accueilli en France », explique Jean Nghiem, 52 ans, arrivé enfant du Cambodge, qui verrait d’un bon œil qu’on accole le nom de Giscard d’Estaing à celui du musée d’Orsay, comme l’ont réclamé plusieurs responsables politiques, ainsi que son fils Louis.

Marie-Paule Lallemand, 77 ans, s’étonne toutefois du peu de monde venu le matin signer le Livre d’or : « Quand on voit que pour Johnny des foules entières se déplacent, et là les gens ne font pas l’effort… ».

« Très discret »

D’autres registres ont été ouverts en France à l’initiative des préfets et des maires.

À Chamalières (Puy-de-Dôme), fief de « VGE », peu de personnes ont bravé le froid, comme à Paris. C’est un deuil national « très discret, mais cela lui ressemble », remarque Jacques Boulet, 72 ans.

Le fils cadet de Valéry Giscard d’Estaing, Louis, désormais maire de Chamalières, lui rendra hommage jeudi soir à l’ouverture du conseil municipal.

Le bureau de l’Assemblée nationale devrait de son côté proposer qu’une « plaque commémorative » soit apposée dans l’hémicycle, comme celle dévoilée le 23 septembre pour l’ancien président Jacques Chirac.

Les députés ont rendu hommage mardi à l’ancien chef de l’État, qui fut député du Puy-de-Dôme à de nombreuses reprises entre 1956 et 2002.

Hospitalisé à plusieurs reprises ces derniers mois, Valéry Giscard d’Estaing avait fait l’une de ses dernières apparitions publiques lors des obsèques de Jacques Chirac, qui fut son premier ministre puis plus tard son successeur.

Malgré les différends notoires entre les deux hommes, la veuve de Jacques Chirac, Bernadette, a écrit une lettre de condoléances à Anne-Aymone Giscard d’Estaing.