(Londres) Politiciens britanniques et membres de la famille royale ont observé dimanche deux minutes de silence pour rendre hommage aux soldats morts lors des guerres mondiales et des suivantes, dans une cérémonie plus minimaliste que les années précédentes en raison de l’épidémie de nouveau coronavirus.  

Tout le pays était invité à observer ces deux minutes à 11 h GMT (6h HE), heure à laquelle les canons se sont tus pour la première fois le 11 novembre 1918, quatre ans après le début de la Première Guerre mondiale.  

La traditionnelle cérémonie de dépôts de couronnes de fleurs au Cénotaphe, dans le centre de Londres, s’est déroulée cette année sans public ni défilé d’anciens combattants, en raison de la résurgence de la COVID-19, qui a déjà fait plus de 49 000 morts au Royaume-Uni, pays le plus endeuillé d’Europe.  

« Chaque année, nous nous réunissons pour commémorer les militaires britanniques et du Commonwealth qui ont sacrifié leur vie pour notre liberté », a rappelé en amont le premier ministre Boris Johnson, ajoutant « qu’aucun virus ne peut nous empêcher d’honorer leur mémoire », plus que jamais nécessaire « en cette période d’adversité ».  

Pourtant, la plupart des offices religieux ou cérémonies habituellement prévus pour le « Remembrance Sunday », fêté chaque deuxième dimanche du mois de novembre, ou pour le 11 novembre, qui célèbre l’armistice signé en 1918 entre l’Allemagne et les Alliés, se tiennent cette année virtuellement ou ont été drastiquement réduits en raison de la pandémie.  

La province d’Angleterre est en effet entrée depuis jeudi dans un second confinement qui limite les interactions sociales et le gouvernement a demandé aux organisateurs d’évènements locaux de « décourager le public d’y assister », voulant réduire les foules « au minimum ».  

Mesures trop strictes ?

Dimanche matin, le prince Charles, héritier de la couronne, a déposé sur le Cénotaphe une couronne de coquelicots, devenus symboles de mémoire depuis que ces fleurs rouges ont repoussé sur les champs de France et de Belgique où étaient tombés de nombreux britanniques pendant la Première Guerre mondiale.

Sa mère la reine Élisabeth II a elle observé la cérémonie depuis un balcon, après s’être rendue plus tôt dans la semaine sur la tombe du Soldat inconnu,  où la monarque de 94 ans a déposé un bouquet semblable à celui de son mariage.  

Boris Johnson a lui aussi déposé une couronne de fleurs sur le Cénotaphe, suivi par le chef de l’opposition travailliste Keir Starmer et d’anciens premiers ministres. Une poignée de militaires et de vétérans étaient aussi présents, en nombre très réduit par rapport aux années précédentes.  

Les mesures prises par le gouvernement pour réduire les célébrations ont été jugées trop strictes par l’ex-première ministre Theresa May, estimant que « ces hommes et ces femmes qui ont donné leur vie pour notre liberté méritent certainement mieux ».

Le général Nick Carter, chef d’état-major de la Défense, a lui jugé ces restrictions nécessaires, mais a déploré dimanche sur la BBC que certains vétérans aient peut-être expérimenté cette année un « Dimanche du Souvenir » plus « solitaire ».

Soldats noirs et asiatiques

Pour rendre tout de même hommage aux soldats, la Royal British Legion a encouragé les Britanniques à observer les deux minutes de silence sur leur perron, ainsi qu’à orner leurs fenêtres de coquelicots.  

Cette association qui s’occupe des anciens combattants souffre elle-même des conséquences de la pandémie. Les restrictions liées au virus ont empêché ses bénévoles de parcourir les rues et de collecter, en échange de coquelicots de tissu ou papier, de l’argent destiné aux anciens combattants.  

Un manque à gagner qui pourrait se chiffrer en « millions de livres », selon son directeur Charles Byrne, qui a appelé les Britanniques à donner en ligne.  

L’édition 2020 des commémorations aura par ailleurs apporté une évolution : à la suite du mouvement Black Lives Matter, très suivi au Royaume-Uni, le premier ministre a appelé à mieux reconnaître le rôle des soldats noirs et asiatiques dans la Seconde Guerre mondiale.  

Le dirigeant conservateur a rappelé vendredi que « des volontaires d’Inde, d’Afrique et des Caraïbes ont immensément contribué à la victoire » du Royaume-Uni et de ses alliés, rendant en particulier hommage à l’Armée britannique indienne — « la plus grande armée de volontaires de toute l’Histoire » — et à la 14e armée, une formation composée en grande partie de troupes du Commonwealth.