(Toulouse) Plusieurs milliers de manifestants ont protesté vendredi à Paris et dans plusieurs autres villes françaises contre la nomination cette semaine au gouvernement de Gérald Darmanin, accusé de viol, et d’Éric Dupond-Moretti, très critique envers le mouvement #metoo.

Le remaniement gouvernemental qui a eu lieu lundi en France a promu à la tête du ministère de l’Intérieur Gérald Darmanin, 37 ans, une figure montante de la droite française, proche de l’ancien président Nicolas Sarkozy, et qui a été accusé en 2017 de viol par une femme qui avait sollicité son intervention pour régler un litige juridique en 2009.

« Nous sommes là pour réclamer la démission d’une partie du gouvernement. Quand j’ai appris ces nominations, j’ai pleuré car j’ai moi-même été victime d’un viol, pour moi comme pour toutes les victimes, c’est une insulte », a affirmé dans la foule massée devant le Palais de justice de Toulouse (sud-ouest) Anouck Lagarrige, une salariée du secteur de la culture de 22 ans, au milieu d’environ 300 personnes.

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Le nouveau ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, 37 ans, une figure montante de la droite française, a été accusé en 2017 de viol par une femme qui avait sollicité son intervention pour régler un litige juridique en 2009.

« Bienvenue au ministère du viol ! », « Violeurs en prison, pas au gouvernement ! », « Un violeur à l’Intérieur, un complice à la Justice ! » à Toulouse, « On se lève et on se bat ! », « Remaniement de la honte ! », « Stop à l’impunité ! » à Lille (nord), « La colère des femmes gronde ! » dans la capitale, « un violeur à l’Intérieur, sortons les sécateurs » à Saint-Étienne (centre-est) : les panneaux brandis ne laissaient aucun doute sur l’indignation des manifestants, en majorité des femmes.

« La présomption d’innocence, on la brandit facilement quand ça touche des hommes blancs hétérosexuels, si demain quelqu’un d’entre nous devait avouer être accusé de viol au cours d’un entretien d’embauche, je doute qu’il aurait le job », relève Alain Ranaivonjatovo, un salarié de 26 ans qui manifestait également à Toulouse.

Les manifestants étaient un millier rassemblés sur le parvis de l’Hôtel de Ville à Paris, également à l’appel du collectif féministe #NousToutes.

Tandis que les manifestants scandaient « la honte !, la honte ! », la militante féministe Caroline de Haas lançait : « on n’attend pas la démission (du gouvernement), on n’attend plus rien ».  

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Le nouveau ministre de la Justice, Éric Dupond-Moretti

Sept cents personnes ont également manifesté à Nantes (ouest), 600 à Bordeaux (sud-ouest) et 500 à Lyon (centre est).  

À Grenoble, dans les Alpes, un cercueil noir, sur lequel était inscrit « RIP la grande cause du quinquennat », l’égalité Femmes-hommes, a symboliquement été déposé devant l’entrée du Palais de Justice.