(Londres) Un Britannique de 20 ans a été inculpé à Londres en vertu de la loi sur la sécurité nationale pour l’organisation présumée d’attaques contre des « entreprises liées à l’Ukraine », ont indiqué vendredi les autorités, une affaire jugée « profondément préoccupante » par le Royaume-Uni.

« Dylan Earl, 20 ans, est soupçonné d’avoir visé des entreprises liées à l’Ukraine afin d’en faire bénéficier l’État russe », a indiqué Nick Price, responsable de la division antiterrorisme du parquet britannique.

Ces faits incluent « la planification d’un incendie criminel » contre une entreprise « liée à l’Ukraine » le mois dernier.

Dans la foulée, le ministère des Affaires étrangères a annoncé la convocation de l’ambassadeur de Russie à Londres, Andreï Keline.

Le Royaume-Uni a appelé à la « fin immédiate » des « activités malveillantes orchestrées par la Russie » sur son sol, selon un porte-parole de la diplomatie britannique.

« Nous continuerons à travailler avec nos alliés pour […] nous défendre contre tout le spectre des menaces émanant de Russie », a ajouté la même source.

Lors de cette convocation, « la partie russe a souligné le caractère absurde et sciemment infondé de cette nouvelle falsification d’informations concoctées à la hâte par l’establishment britannique », a indiqué l’ambassadeur, selon un commentaire transmis à l’agence publique TASS.

Liens avec le groupe Wagner

Dylan Earl est soupçonné d’avoir recruté et rémunéré des exécutants pour provoquer l’important incendie en mars d’entrepôts industriels situés à Leyton, dans l’est de Londres et appartenant à un couple d’Ukrainiens vivant dans la capitale britannique.

Le parquet a précisé que quatre autres hommes avaient été inculpés pour des charges moins lourdes dans cette affaire.  

Ils ont comparu le 22 avril devant un tribunal de Londres et ont été placés en détention provisoire. Des restrictions ordonnées par la justice empêchaient l’affaire d’être révélée jusqu’alors.

Des documents de justice publiés pour cette audience lient l’affaire au groupe paramilitaire russe Wagner, classé organisation terroriste au Royaume-Uni.

« Même si nous devons laisser la procédure judiciaire suivre son cours, je suis profondément préoccupé par les allégations selon lesquelles des ressortissants britanniques auraient mené des activités criminelles sur le sol du Royaume-Uni au profit de l’État russe », a réagi le chef de la diplomatie David Cameron sur X.

« Nous utiliserons tout le poids du système judiciaire pour demander des comptes à toute personne reconnue coupable de délits liés à une ingérence étrangère », a-t-il ajouté.

Le Royaume-Uni est l’un des principaux soutiens de l’Ukraine, et le pays accuse de longue date la Russie de mener des activités hostiles sur son sol, à l’image des empoisonnements des ex-agents russes Alexandre Litvinenko en 2006 et Sergueï Skripal en 2018.

En visite à Berlin, le chef de l’OTAN Jens Stoltenberg a qualifié d’« inacceptables » les récentes affaires d’espionnage et de complot prorusses révélées en Allemagne et au Royaume-Uni : ces affaires « ne nous dissuaderont pas d’apporter notre soutien à l’Ukraine », a-t-il assuré.

« Enquête très importante »

Dans le détail, Dylan Earl est notamment poursuivi pour assistance à un service de renseignement étranger, tandis que l’un des autres accusés, Dmitrijus Paulauska, est inculpé pour avoir accepté « un profit matériel » de la part d’un service étranger.

Les deux autres hommes sont poursuivis pour « incendie criminel aggravé ».

Une nouvelle audience est prévue le 10 mai.

Ces poursuites ont été lancées en vertu d’une nouvelle loi sur la sécurité nationale de 2023, visant à renforcer les défenses du Royaume-Uni contre les « activités hostiles » visant sa démocratie et son économie.

« Non seulement les accusations autorisées par le parquet sont extrêmement graves, mais c’est aussi la première fois que nous arrêtons et inculpons quelqu’un en utilisant les pouvoirs et la législation prévus par la loi sur la sécurité nationale », a souligné le chef du commandement antiterroriste de la Metropolitan Police de Londres Dominic Murphy, dans un communiqué.

Il a assuré qu’il n’existait pas en l’état de « menace plus large liée à cette affaire ».

Plusieurs affaires récentes d’espionnage ont éclaté au Royaume-Uni. Dans l’une d’elles, cinq ressortissants bulgares sont poursuivis pour espionnage pour le compte de la Russie.

Cette semaine, un ancien chercheur affilié au Parlement a été inculpé pour espionnage au profit de la Chine.