(Moscou) Presque 500 soignants contaminés par le nouveau coronavirus sont décédés en Russie depuis le début de l’épidémie, a indiqué jeudi la cheffe de l’Agence fédérale russe de surveillance médicale, un bond énorme par rapport au bilan précédent.

« Nous avons malheureusement perdu […] 489 membres du personnel médical », a déclaré la cheffe de Roszdravnadzor, Alla Samoïlova, lors d’une conférence en ligne sur la sécurité des médecins.

Fin mai, le ministère russe de la Santé avait indiqué que 101 membres du personnel médical étaient décédés à cause de la maladie COVID-19.

Peu après les déclarations de sa patronne, Roszdravnadzor a voulu minimiser la portée de cette annonce. Dans un communiqué envoyé aux agences de presse russes, l’agence affirme que le chiffre annoncé par Mme Samoiïlova « n’était pas officiel » et se basait sur des « données circulant sur l’internet ». Elle n’a cependant pas fourni de bilan alternatif.

Une liste non officielle, tenue depuis avril par des médecins, faisait état jeudi de 444 soignants morts du coronavirus en Russie.

Au cours de sa conférence en ligne, Mme Samoïlva s’était elle montrée très franche : « Aurions-nous pu faire quelque chose pour empêcher (la mort des soignants, NDLR) ? Probablement, oui ».

Tout au long du printemps, les membres du personnel médical russe, en particulier hors de Moscou, se sont plaints de pénuries d’équipements de protection dans les hôpitaux.

« Le pays n’était pas prêt, il y avait très peu d’équipements de protection individuelle », a souligné jeudi Alla Samoïlova, « pour être honnête, il y avait ce problème au début, il y avait des pénuries ».

Selon Mme Samoïlova, des hôpitaux étaient aussi « vétustes », manquaient de médicaments, et dans certains, réorganisés hâtivement face à l’épidémie, « il n’a pas toujours été possible de créer des zones rouges » réservées aux patients infectés et donc de les isoler du reste de l’établissement.

Elle a fait l’éloge des médecins « héros ».

Selon elle, actuellement les choses sont « complètement différentes », et son service reçoit peu de plaintes de membres du personnel médical.

Selon les chiffres officiels, le nombre total de cas d’infections par le nouveau coronavirus en Russie a atteint jeudi 561 091, dont 7660 morts. Le pays reste à la troisième place mondiale en nombre de contaminations, derrière les États-Unis et le Brésil.

Des critiques ont mis en doute la mortalité officielle, accusant Moscou de sciemment la sous-estimer.

La Russie a expliqué ses chiffres plus faibles, comparés aux pays occidentaux, par le fait qu’elle ne comptait que les décès dont la cause première, après autopsie, est le coronavirus, quand d’autres pays recensent la quasi-totalité des morts de patients testés positifs.  

Les autorités russes soutiennent aussi que l’épidémie étant arrivée plus tard en Russie, le pays a eu le temps de préparer ses hôpitaux et de développer une politique massive de dépistage.