(Moscou) La Russie réfléchissait mercredi à de premières mesures de déconfinement, même si elle est devenue le cinquième pays d’Europe le plus touché par le coronavirus, enregistrant à nouveau plus de 10 000 cas supplémentaires en 24 heures.

« Nous ne devons pas nous précipiter […] mais nous ne pouvons pas non plus faire du sur place », a déclaré le président Vladimir Poutine à l’issue d’une réunion par visioconférence, ordonnant aux ministres et aux gouverneurs d’organiser « des plans d’action » pour lentement sortir du confinement.

Chaque région devra faire des recommandations de mesures pour une mise en œuvre à compter du 12 mai, les situations épidémiologiques étant très diverses dans le plus grand pays du monde.

10 559 nouveaux cas ont été officiellement enregistrés au cours des dernières 24 heures sur le territoire russe. Avec désormais au total 165 929 cas répertoriés, la Russie passe ainsi devant l’Allemagne pour devenir le 5e pays le plus touché en Europe et le 6e dans le monde, selon un comptage de l’AFP.

Pas de déconfinement à Moscou

Moscou, où sont concentrés plus de la moitié (85 973) de ces cas, devrait voir l’essentiel des restrictions en vigueur prolongées, a prévenu son maire Sergueï Sobianine au cours de la réunion avec M. Poutine, jugeant prématuré de faire redémarrer toute l’activité dans cette ville qui compte en temps normal entre 15 et 20 millions d’habitants et de visiteurs quotidiens.  

Seul allègement annoncé dans la capitale russe, 500 000 travailleurs de l’industrie et du BTP pourront reprendre le chemin des usines et des chantiers le 12 mai.

Comme ailleurs dans le monde, en Russie, l’économie souffre des mesures de confinement imposées fin mars. Les PME et des millions de salariés ont ainsi perdu leurs revenus malgré la promesse des autorités de soutenir entreprises et employés.

Dans ce contexte, la popularité de M. Poutine a chuté de quatre points entre mars et avril et de 10 points depuis janvier, pour s’établir à 59 %, selon le baromètre mensuel de l’institut Levada.  

Les autorités se veulent néanmoins raisonnablement optimistes pour la suite.

Mortalité faible

D’abord car avec 1537 morts, le taux de mortalité demeure faible par rapport à l’Italie, l’Espagne, la France, le Royaume-Uni, les États-Unis et même l’Allemagne.

Les autorités l’expliquent par une série de mesures prises tôt pour contrer la pandémie : la fermeture des frontières, plus de quatre millions de tests de dépistage effectués, la préparation des hôpitaux à la COVID-19, en particulier à Moscou, le principal foyer en Russie de cette maladie.  

Certaines voix critiques doutent néanmoins de la réalité de ces chiffres.

Sur le front des hôpitaux, et malgré les témoignages de médecins se plaignant d’un manque d’équipements, le ministre russe de la Santé, Mikhaïl Mourachko, a assuré que les services hospitaliers n’étaient pas débordés.  

Quelque 80 000 malades ou personnes suspectées d’avoir contracté la maladie COVID-19 sont actuellement hospitalisés, selon lui, dont 1133 sous respirateur artificiel. Or la Russie dispose encore de 46 000 lits.

Rien que dans la capitale russe, où un million de tests ont été effectués à ce jour, jusqu’à 27 000 lits pour les patients atteints par le nouveau coronavirus doivent être disponibles en mai.

À cette fin, des hôpitaux provisoires sont en cours de construction, l’un d’entre eux dans le célèbre parc des expositions VDNKh, dans le nord de Moscou.

Et les autorités municipales envisagent de rendre le port du masque de protection obligatoire dans les transports en commun.

Enfin, Vladimir Poutine s’est voulu rassurant sur l’état de santé de son premier ministre, Mikhaïl Michoustine, qui, malade de la COVID-19, est hospitalisé avec de la « température » mais « en voie de rétablissement ».  

Mercredi, la ministre de la Culture Olga Lioubimova est devenue le troisième membre du gouvernement à être contaminé. Avant elle, le ministre de la Construction, Vladimir Iakouchev, avait déjà été testé positif.