(Kiev) Les deux possibles futurs rivaux à l’élection présidentielle américaine de 2020 ont repris les hostilités samedi sur une ténébreuse affaire dévoilée par un mystérieux lanceur d’alerte sur les relations des deux hommes avec l’Ukraine.

Le président républicain Donald Trump est au cœur d’une nouvelle polémique, des médias américains l’accusant d’avoir encouragé le président ukrainien Volodymyr Zelensky à enquêter sur le fils de Joe Biden, le favori démocrate pour la présidentielle américaine. Ces accusations sont issues de révélations d’un lanceur d’alerte membre des services de renseignement américains.

« Tout ceci apparait comme un énorme abus de pouvoir », a déclaré à la presse M. Biden, qui faisait campagne à Des Moines, dans l’Iowa.

« Je sais à qui j’ai affaire » a-t-il assuré,  paraissant avoir du mal à contenir sa colère. « Il abuse de son pouvoir tant qu’il peut et dès qu’il sent son pouvoir menacé, il ne recule devant rien ».

« Mais là, il dépasse les bornes », a conclu l’ancien vice-président américain, qui avait qualifié la veille les faits présumés de « corruption patente » et exigé « au minimum » que Donald Trump « publie immédiatement la retranscription de l’appel en question, afin que le peuple américain puisse juger par lui-même ».

De son côté, M. Trump a accusé dans une série de tweets son rival démocrate d’avoir exigé, quand il était vice-président, le renvoi d’un procureur ukrainien « qui enquêtait sur les activités de son fils ».

« Je n’ai jamais parlé avec mon fils de ses activités professionnelles à l’étranger », a assuré samedi M. Biden, questionné sur les accusations de Donald Trump. « Tout le monde a enquêté sur cette affaire et tout le monde dit qu’il n’y a rien dans cette histoire ».

Donald Trump a publié samedi sur Twitter un montage vidéo des reportages sur cette affaire lorsqu’elle avait été évoquée dans les médias en 2015. On y voit Joe Biden confirmer être intervenu pour demander le renvoi de ce procureur, mais assurant que cela n’avait rien à voir avec son fils.

Hunter Biden, le deuxième fils de l’ancien sénateur, a travaillé pour un groupe gazier ukrainien à partir de 2014, lorsque son père était vice-président de Barack Obama.

Accusant les médias et les démocrates de chercher à éviter de parler de cette affaire, le milliardaire américain affirme qu’ils « ont donc fabriqué de toutes pièces une histoire sur moi et une conversation de routine parfaitement normale avec le président ukrainien ».

« Aucune pression » de Trump sur Zelensky, selon le chef de la diplomatie ukrainienne

Donald Trump n’a exercé « aucune pression » sur le président ukrainien Volodymyr Zelensky pendant l’appel téléphonique au cours duquel le président américain est suspecté d’avoir demandé à son homologue d’enquêter sur le fils de son rival démocrate Joe Biden, a assuré le ministre ukrainien des Affaires étrangères.

« Je sais de quoi ils ont parlé et je pense qu’il n’y a eu aucune pression », a déclaré Vadym Prystaïko dans une interview réalisée vendredi soir par la télévision ukrainienne Hromadske.

« C’était une discussion longue et amicale. Elle a traité de nombreuses questions auxquelles il a fallu, dans certains cas, donner des réponses très sérieuses », a-t-il ajouté.

Vadym Prystaïko s’y est dit défavorable, estimant que l’Ukraine a le droit de garder des secrets d’État. « Le président Trump, son conseiller (Rudolph) Giuliani, les journaux, les démocrates, les républicains, sont intéressés de savoir s’il y a eu pression sur l’Ukraine. Nous sommes un État indépendant, nous avons nos secrets », a-t-il dit.

Volodymyr Zelensky et Donald Trump doivent se rencontrer mercredi à New York en marge de l’Assemblée générale de l’ONU, un tête-à-tête qui sera, dans le contexte de ces révélations, scruté avec une attention particulière.