Le parquet de Paris a demandé la levée de l'immunité diplomatique du nonce apostolique, le représentant du Vatican en France, visé par une enquête pour « agressions sexuelles », a-t-il indiqué à l'AFP, confirmant une information du quotidien La Croix.

Quatre plaintes ont été déposées et trois des plaignants ont déjà été entendus par les enquêteurs, a indiqué une source proche à l'AFP. Au moins trois des plaignants reprochent Luigi Ventura, 74 ans, des mains aux fesses appuyées.

Cette demande de levée immunitaire doit permettre d'auditionner le nonce, et éventuellement de le confronter à ses accusateurs.

« C'est une très bonne nouvelle et un premier pas. Ce que l'on espère désormais c'est que la demande soit transmise au Vatican et qu'elle aboutisse [...], pour que l'on puisse avancer dans les investigations », a déclaré à l'AFP Me Edmond-Claude Fréty, avocat de deux des plaignants.

Pour lever cette protection diplomatique, le ministère des affaires étrangères doit d'abord décider s'il en fait la demande au Vatican, qui y fait droit ou la refuse. « Il s'agit d'une question politique qui appartient aux deux États », a souligné Me Edmond-Claude Fréty.

« Nous voulons que le Vatican montre l'exemple, qu'il aille au bout de sa démarche qui consiste à dire qu'il est intransigeant dans la lutte contre l'impunité des infractions sexuelles commises par des religieux », a-t-il poursuivi.

L'affaire avait éclaté en février dans la presse lorsqu'avait été révélée l'ouverture d'une enquête le 24 janvier par le parquet de Paris.

La mairie de Paris avait signalé au parquet qu'un jeune cadre municipal s'était plaint d'attouchements répétés du nonce apostolique lors d'une cérémonie le 17 janvier.

« Un agent de la ville a été victime de manière répétée, par trois fois, d'attouchements sexuels, de mains aux fesses assez poussées, dont une fois devant témoin », a appris l'AFP dans l'entourage de la mairie.

Deux autres plaignants s'étaient ensuite manifestés et avaient relaté des faits similaires de « mains aux fesses appuyées » en 2018.

Diplomate de carrière du Vatican, Mgr Ventura est nonce apostolique depuis 2009 à Paris. Il est chargé des relations du Saint-Siège avec les autorités françaises d'une part et avec les évêques de France d'autre part, pour lesquels il participe au processus de nomination.

Compte tenu de ses fonctions, il bénéficie de l'immunité diplomatique et ne peut être entendu sous contrainte par les enquêteurs.

Les plaignants et leurs avocats avaient écrit au ministère des Affaires étrangères pour exiger que la France demande au Vatican de lever cette protection diplomatique.

Au moment de la révélation de cette enquête, ouverte sur fond de multiples scandales sexuels touchant l'Église catholique, le journal La Croix avait recueilli d'autres témoignages de jeunes hommes, dont beaucoup proches de l'Église, qui « disent avoir subi les mêmes gestes » de la part de Mgr Ventura mais n'ont pas porté plainte.

Au Canada, une plainte pour des faits similaires, mais remontant cette fois à 2008, a aussi été déposée auprès de la nonciature apostolique contre Mgr Ventura, qui y fut en poste de 2001 à 2009.