(Bormes-les-Mimosas) Vladimir Poutine et Emmanuel Macron ont eu un échange virulent lundi quand le président russe a cité la crise des gilets jaunes pour justifier les arrestations massives d’opposants à Moscou.

Arrivé tout sourire au Fort de Brégançon, le président russe est passé à l’offensive à la fin d’une conférence de presse commune, en réponse à une question sur la répression des manifestations organisées depuis la mi-juillet dans la capitale russe, avec près de 3000 arrestations.  

« Ce genre de situation ne se passe pas qu’en Russie. Je suis invité par le président français et je suis un peu mal à l’aise en évoquant ce sujet. Mais nous savons ce qui s’est passé pendant les manifestations des gilets jaunes, où - selon notre décompte - il y a eu onze personnes tuées et 2500 blessées, dont 2000 policiers. On ne veut pas du tout que des événements pareils se passent dans la capitale russe », a lancé M. Poutine.

Selon les autorités françaises, un seul mort a été recensé lors des manifestations de gilets jaunes : une femme de 80 ans tuée par une grenade lacrymogène alors qu’elle était sur son balcon. Dix autres personnes ont été tuées dans des accidents causés par des barrages routiers des manifestants.  

Piqué au vif, Emmanuel Macron a répliqué sèchement à Vladimir Poutine que « partout dans nos pays il y a des manifestations qui se tiennent » mais « ce qui est important est que quand on a contracté souverainement des traités, on les respecte ».

PHOTO ALEXEI DRUZHININ, ASSOCIATED PRESS

« La Russie comme la France ont contracté des accords internationaux qui font que nous avons décidé que la liberté d’expression, d’opinion, de manifestations, de se présenter librement à des élections soit respectée dans nos démocraties. C’est pourquoi la France s’est exprimée cet été pour qu’il en soit ainsi, y compris sur la situation à Moscou car beaucoup s’inquiètent », a-t-il ajouté.

« Il y a eu en France des situations qui ont donné lieu à des violences » avec des manifestants et des policiers gravement blessés. « Néanmoins la France a toujours respecté sa constitution et les droits du Conseil de l’Europe » a martelé le président français.  

« La liberté de manifestation a été protégée, mais lorsque certains attentent à l’ordre public, il faut [le] protéger », a-t-il poursuivi.  

« En France je le dis ici clairement, et c’est pour cela que comparaison ne vaut pas raison, ceux qui ont manifesté se sont présentés librement aux élections. Ceux qu’on appelle les gilets jaunes sont allés librement aux élections européennes et iront aux municipales », s’est-il félicité, jugeant que cela « réduit la conflictualité ».  

« On est un pays ou les gens peuvent s’exprimer, librement, manifester librement, exprimer leur opinion librement », c’est « la différence entre la liberté qui suppose de protéger l’ordre public et le non-respect de liberté », a-t-il conclu.

« C’est ce que nos faisons », a riposté à nouveau le président Poutine, soulignant que « deux fois en juillet et août des manifestations de masse ont été déclarées et autorisées ». « C’est de cette manière que je voudrais que les choses se passent chez nous et dans d’autres pays », a-t-il conclu.