Les informations fournies par des lanceurs d'alerte apportent des raisons suffisantes de soupçonner que Vote Leave, le principal groupe ayant mené campagne pour le Brexit, a enfreint la loi électorale britannique, selon un argumentaire juridique indépendant présenté lundi par leurs avocats.

Cet argumentaire de 50 pages rédigé par le cabinet Matrix Chambers se fonde sur les témoignages de trois personnes proches de Vote Leave ainsi que des échanges de courriels et des données stockées sur Google Drive, a précisé le cabinet d'avocats londonien Bindmans, qui défend les lanceurs d'alerte, lors d'une conférence de presse.

Ces informations, fournies récemment à la Commission électorale, «exposent une relation extrêmement proche» entre Vote Leave et BeLeave, un petit groupe pro-Brexit à qui le premier aurait fait une donation de 625 000 livres sterling (1,14 millions $ CAN) dans les derniers jours de la campagne référendaire en 2016 afin de ne pas dépasser le plafond légal des dépenses de 7 millions de livres sterling (12,7 millions $ CAN).

Un des lanceurs d'alerte, Shahmir Sanni, qui a travaillé pour le compte de la campagne BeLeave, a affirmé dans des médias britanniques que Vote Leave était très impliqué dans le travail du groupe et qu'«ils ont utilisé BeLeave pour dépasser le plafond des dépenses, et pas juste pour un petit montant».

Or, la loi électorale britannique interdit la coordination entre des campagnes supposées être indépendantes.

Ainsi, selon l'argumentaire, des paiements effectués par BeLeave à la société canadienne d'analyse de données Aggregate IQ (AIQ) - liée à Cambridge Analytica, impliquée dans la campagne de Donald Trump, selon les médias - l'auraient en fait été «au bénéfice de et/ou de concert avec Vote Leave».

Ces «infractions» nécessitent une «enquête urgente», estime le document, afin de déterminer si ces faits doivent être soumis à la justice.

Ancien directeur de recherche de Cambridge Analytica, le lanceur d'alerte Christopher Wylie a estimé que s'ils venaient à être prouvés, cela nécessiterait d'organiser un nouveau référendum sur le Brexit.

«Il s'agit de l'intégrité du processus démocratique et de la question de savoir si on peut se fier à un résultat quand il est hautement probable que le budget a été dépassé», a-t-il dit durant la conférence de presse, se disant lui-même «eurosceptique».

Certaines des personnalités de Vote Leave soupçonnées d'avoir fait le lien avec le petit groupe pro-Brexit sont actuellement conseillers auprès de la première ministre conservatrice Theresa May.

Vote Leave a nié ces accusations.

Boris Johnson, fer de lance de la campagne pour le Brexit, avait qualifié samedi de «ridicules» les accusations selon lesquelles son camp aurait enfreint les règles de financement lors de la campagne référendaire.