La ferme réaction d'Israël face à la loi polonaise controversée sur la Shoah est due à «un malentendu», a déclaré lundi le chef de la diplomatie polonaise Jacek Czaputowicz, tout en n'excluant pas son amendement, une fois le texte promulgué par le président.

«Il y a une ferme position d'Israël. Selon moi, elle repose sur des bases erronées. (...) Les remarques critiques sont dues à un malentendu», a déclaré le ministre à la radio polonaise publique PR3.

Aux yeux des conservateurs polonais, la loi doit rendre impossible l'attribution à «l'État ou la Nation polonais» des crimes nazis et empêcher l'utilisation de l'expression erronée de «camps de la mort polonais» à propos de ceux installés par les nazis allemands en Pologne occupée.

En vertu du texte voté par les deux chambres du Parlement, enfreindre ces nouvelles règles pourrait même rendre passible d'une peine de prison pouvant aller jusqu'à trois ans.

Les responsables israéliens s'émeuvent surtout d'un passage de la loi dans lequel ils voient une tentative de nier la participation de certains Polonais à l'extermination des juifs, voire la possibilité de poursuivre des survivants de la Shoah qui évoqueraient de tels cas.

Le texte a également fait l'objet de sérieux avertissements ou inquiétudes de Washington et de Kiev, ainsi que de nombreuses organisations juives et du Conseil international d'Auschwitz.

Lundi, M. Czaputowicz a exclu la possibilité de poursuivre des survivants de la Shoah qui évoqueraient des persécutions de la part des Polonais.

«Selon la loi polonaise et le système juridique, cela est impossible. Nous voulons partager ces connaissances avec nos partenaires israéliens», a-t-il ajouté.

«C'est un problème d'interprétation, de surinterprétation» par la partie israélienne», a-t-il encore dit.

Le chef du parti conservateur au pouvoir Droit et Justice (PiS) Jaroslaw Kaczynski s'est dit convaincu samedi que le président Andrzej Duda promulguerait la loi, et ce bien qu'il ait le droit d'y mettre son veto, la renvoyant au Parlement.

M. Czaputowicz n'a pas, quant à lui, exclu, une fois la loi promulguée, la publication des textes interprétant de façon officielle des passages controversés de la loi ou même son amendement afin de dissiper les malentendus.

Ce week-end, le ministre allemand des Affaires étrangères Sigmar Gabriel a déclaré qu'il n'y avait «pas le moindre doute sur la question de savoir qui est responsable des camps d'extermination, qui les a fait fonctionner pour tuer des millions de juifs européens : à savoir les Allemands».