La Russie a dénoncé samedi le «caractère belliqueux» et «antirusse» de la nouvelle posture nucléaire américaine rendue publique la veille, avertissant qu'elle allait prendre «les mesures nécessaires» pour assurer sa sécurité face aux États-Unis.

«Dès la première lecture, le caractère belliqueux et antirusse de ce document saute aux yeux», a réagi le ministère russe des Affaires étrangères dans un communiqué, se disant «profondément déçu».

«Nous devrons bien entendu prendre en compte les approches qui sont désormais en circulation à Washington et prendre les mesures nécessaires pour assurer notre sécurité», a poursuivi le ministère.

Les États-Unis ont annoncé vendredi vouloir se doter de nouvelles armes nucléaires de faible puissance, mettant en avant notamment le réarmement de la Russie dans le domaine. Cette annonce fait craindre aux experts une relance de la prolifération et un risque plus élevé de conflit nucléaire.

Moscou a pour sa part dénoncé samedi «une tentative de remettre en question (son) droit à la légitime défense». «Nous espérons que Washington reste conscient du niveau de danger élevé que représentent ces directives d'un point de vue de planification militaire pratique», poursuit le communiqué de la diplomatie russe.

Selon Moscou, le document américain est «saturé de toutes sortes de clichés antirusses, en commençant par des accusation farfelues de «comportement agressif» et de toutes les «ingérences» possibles, et en terminant par des accusations tout aussi infondées de «violations» de toute la liste des accords sur le contrôle des armements».

«Nous voyons cela comme une tentative injuste (de Washington) de rejeter sur les autres leur propre responsabilité pour la détérioration de la situation en matière de sécurité internationale et régionale et pour le déséquilibrage des mécanismes de contrôle des armements, qui est le résultat d'une série d'actes irresponsables des États-Unis eux mêmes», ajoute la diplomatie russe.

La Russie assure «respecter strictement ses obligations en vertu de tous les accord internationaux», et se dit malgré tout prête à coopérer avec les États-Unis en faveur d'une «relation stable» et du «maintien de la stabilité stratégique».

Le président Vladimir Poutine avait ordonné fin 2016 le renforcement de la force de frappe nucléaire de la Russie, ainsi qu'une modernisation des armements, en réponse au renforcement de la présence militaire de l'OTAN à ses frontières, perçu comme une menace.

Rendue publique en 2014, la doctrine militaire de la Russie, dont les dépenses militaires sont conséquentes mais encore largement inférieures aux dépenses américaines, n'évoque toutefois en aucun cas la possibilité d'une «attaque préventive» avec utilisation d'ogives nucléaires. Moscou ne se réserve le droit d'utiliser son arsenal qu'en cas d'agression contre elle ou ses alliés ou en cas de «menace sur l'existence même de l'État».

La Russie a accusé a plusieurs reprises l'OTAN et les Etat-Unis de l'entraîner vers une course «frénétique» aux armements et de rompre l'«équilibre militaire» en vigueur en Europe depuis la chute de l'URSS.