Fustigeant une personnalité «psychopathe» et «perverse narcissique», l'avocate générale a requis jeudi à Nice 30 ans de réclusion criminelle à l'encontre de Patricia Dagorn, la «veuve noire» accusée d'avoir empoisonné plusieurs hommes âgés pour les escroquer.

«Je considère que les infractions reprochées à Mme Dagorn sont toutes caractérisées», a estimé l'avocate générale Annie Brunet-Fuster, reconnaissant requérir «une sanction en effet sévère», à laquelle elle a demandé à la cour d'adjoindre une période de sûreté à sa convenance.

Jugée devant les assises des Alpes-Maritimes pour l'assassinat de deux hommes et l'administration de substances nuisibles à deux autres octogénaires, Mme Dagorn nie les faits qui lui sont reprochés.

«Quand elle nie tout, elle ne vous dit pas la vérité», a lancé l'avocate générale aux jurés: «Comme elle ne veut pas revenir sur ses propos, elle en invente d'autres», a-t-elle poursuivi, rappelant que l'accusée avait eu depuis le début de son procès lundi «réponse à tout».

«On ne peut pas comprendre ou expliquer les faits (...) sans avoir constamment à l'esprit la personnalité de Mme Dagorn», a encore déclaré Mme Brunet-Fuster, évoquant une personnalité «déroutante» et «dérangeante», «pas psychotique, mais psychopathe», «perverse narcissique» à la défense «diverse, changeante, variable».

Pour appuyer sa demande de condamnation, la représentante du ministère public a notamment insisté sur le profil des souhaits de rencontres exprimés par l'accusée en agence matrimoniale, des hommes âgés de 50 à 80 ans ou plus : Patricia Dagorn, «jolie femme» et «avec la force de caractère qu'on sait» voulait «rentrer dans un rapport de force».

Elle a aussi cité les nombreux documents, passeports, chèques ou cartes d'identité «qui n'avaient rien à faire dans la valise de Mme Dagorn». «Mme Dagorn était une professionnelle de la rédaction de documents administratifs et de copies en tout genre, de fausses signatures. On a une abondance de faux dans ce dossier».

Le réquisitoire de Mme Brunet-Fuster devait être suivi des plaidoiries de la défense.

«Tout le problème est d'aller au-delà de la personnalité (de Mme Dagorn) et des suspicions pour vérifier si oui ou non l'infraction est caractérisée, et si on a des preuves», a indiqué à l'AFP avant l'audience Me Cédric Huissoud, qui demandera l'acquittement de sa cliente.