Audrey Azoulay, 45 ans, ancienne ministre française de la Culture, a été élue vendredi soir directrice générale de l'UNESCO face au Qatari Hamad Al-Kawari.

Mme Azoulay a obtenu 30 voix, son adversaire 28, au sein des 58 membres du conseil exécutif dont le choix doit être encore validé par la conférence générale des États membres le 10 novembre, selon les résultats officiels.

Femme de gauche marquée par une enfance franco-marocaine où les livres abondaient, spécialiste du cinéma, la Française a été ministre socialiste de la Culture en France pendant un peu plus d'un an, jusqu'en mai 2017.

Elle avait déposé sa candidature à la tête de l'Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture in extremis, en mars dernier, en faisant valoir que «la France était très légitime sur la culture, l'éducation, les sciences».

Pendant sa campagne, elle s'est plu à citer l'homme d'État français et figure du socialisme Léon Blum (1872-1950), selon lequel l'Unesco devait être «la conscience des Nations unies».

Mais elle ne s'était consacrée entièrement à l'élection à venir pour la direction générale de l'agence onusienne qu'après avoir quitté son ministère, à la suite de la victoire à l'élection présidentielle d'Emmanuel Macron en mai.

Audrey Azoulay avait été désignée ministre en février 2016. Une nomination surprise car cette proche du président d'alors, François Hollande, était peu connue du grand public et sans expérience politique.

Mme Azoulay est née le 4 août 1972 à Paris, dans une famille juive marocaine, originaire d'Essaouira. Son père est le banquier et homme politique André Azoulay, conseiller de l'actuel roi du Maroc comme il l'avait été de son père Hassan II. Sa mère est la femme de lettres Katia Brami. Une famille baignant dans la culture du livre et des débats.

Elle peut se targuer d'un CV bien rempli : ancienne élève de l'Ecole nationale d'administration, qui forme les élites françaises, maîtrises de gestion à l'université Paris Dauphine et à l'université britannique de Lancaster, Sciences-Po à Paris. Elle a travaillé durant ses études dans le secteur bancaire, expérience qu'elle dit avoir «détesté». Elle a ensuite été magistrate à la Cour des comptes après avoir occupé plusieurs fonctions à la Direction des médias du ministère de la Culture.

Elle est entrée au Centre national du cinéma (CNC) comme directrice financière en 2006, avant de devenir, de 2011 à 2014, la numéro deux de cet organisme en charge du système d'aide à la création cinématographique.

Exception culturelle

«C'est une femme brillante et passionnée, une amie des artistes et de la création», avait commenté en 2014 la présidente du CNC, Frédérique Bredin.

«Ce qui m'a construite le plus professionnellement, c'est le cinéma», disait Audrey Azoulay, qui a sans cesse défendu l'exception culturelle française face à la puissance américaine.

Passant pour avoir un tempérament énergique et enjoué, elle a été nommée en août 2014 conseillère de François Hollande chargée de la Culture et de la Communication.

Elle a épaulé le président sur les dossiers comme la protection des droits sur Internet, l'accompagnant lors de ses sorties culturelles.

Elle n'aura passé que peu de temps au ministère de la Culture, faisant essentiellement campagne pour le bilan culturel de M. Hollande, réussissant toutefois à obtenir du chef de l'État une rallonge de son budget en septembre 2016, alors qu'il avait été largement sabré les années précédentes.

À son arrivée au ministère, contrairement à Fleur Pellerin, spécialiste du numérique qui l'avait précédée à ce poste, Audrey Azoulay ne semblait pas très «connectée»: elle n'avait pas de compte officiel sur les réseaux sociaux. Cela a été rapidement réparé.

Ottawa partage les inquiétudes des États-Unis, mais restera 

Le Canada est «déçu» par les décisions des États-Unis et d'Israël de se retirer de l'Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture (UNESCO), mais partage certaines de leurs inquiétudes par rapport à l'existence d'un présumé biais anti-israélien au sein de l'agence.

Le gouvernement canadien «partage également de vives préoccupations des États-Unis en ce qui concerne le fait qu'Israël ait été particulièrement ciblé par les critiques dans le cadre de décisions prises par l'UNESCO», a signalé une porte-parole d'Affaires mondiales Canada.

Malgré cela, il est «hors de question» que le Canada claque la porte, ayant la conviction qu'il «vaut toujours mieux être à la table» des grandes organisations internationales comme celle-ci, a précisé vendredi une source gouvernementale.

Le Québec partage le même avis - et la même déception face à la défection annoncée des États-Unis et de l'État hébreu, a signalé vendredi en entrevue la représentante du Québec au sein de la Délégation permanente du Canada à l'UNESCO, Julie Miville-Dechêne.

Elle a cependant refusé de se prononcer sur le présumé biais anti-israélien reproché par certains à l'agence des Nations unies, qui a élu vendredi à sa tête une nouvelle directrice générale, la Française Audrey Azoulay.

Les États-Unis avaient cessé de financer l'UNESCO à la suite de la décision de l'agence d'inclure la Palestine parmi ses membres en 2011, mais le département d'État maintenait un bureau au siège de l'UNESCO à Paris et cherchait à influencer les politiques de l'agence en coulisses.

Plusieurs estiment que l'inclusion de la Palestine prouve le biais anti-israélien des Nations unies, où Israël et ses alliés sont beaucoup moins nombreux que les pays arabes et ceux qui les appuient.

- Avec Mélanie Marquis, La Presse canadienne