Les autorités ukrainiennes ont dénoncé samedi l'appel «inacceptable» de l'Eurovision à laisser entrer la candidate russe sur le territoire de l'Ukraine, pays organisateur de l'édition 2017 du concours de chanson.

«C'est inacceptable et sans précédent de demander à l'Ukraine de prendre une telle décision extraordinaire pour faire plaisir à la Russie», a déclaré un vice-premier ministre ukrainien, Viatcheslav Kyrylenko, dans un communiqué diffusé samedi par son service de presse.

L'Eurovision a menacé d'exclure l'Ukraine de futures compétitions si elle persistait à ne pas laisser entrer la candidate russe sur son territoire pour l'édition 2017 du concours dont la finale est prévue le 13 mai, selon une lettre dévoilée vendredi par des médias européens.

Dans sa lettre datée du 23 mars, adressée au premier ministre ukrainien Volodymyr Groïsman et dévoilée vendredi sur les sites internet de la Deutsche Welle et du média ukrainien Kiev Vlast, la secrétaire générale de l'Union européenne de radiotélévision (Eurovision ou UER), Ingrid Deltenre, demande à M. Groïsman «d'intervenir et de (s')assurer que l'artiste russe pourra entrer en Ukraine en mai et participer» au concours.

Les services secrets ukrainiens (SBU) ont interdit le 22 mars pour trois ans à la candidate russe Ioulia Samoïlova d'accéder au territoire ukrainien, lui reprochant d'avoir donné un concert en Crimée en juin 2015, un peu plus d'un an après l'annexion de cette péninsule ukrainienne par la Russie.

L'Eurovision a tenté de dénouer le problème en proposant à la chaîne de télévision russe Pervyi Kanal de faire participer sa candidate via satellite, proposition que la chaine a rejetée.

«Je pense que la France, l'Allemagne, la Grande-Bretagne et la Pologne auraient pris la même décision, tout comme n'importe quel autre pays de l'UER», a affirmé M. Kyrylenko.

«La Russie peut participer à l'Eurovision-2017 à Kiev, mais si elle propose un candidat qui n'a pas violé la loi ukrainienne», a-t-il ajouté.

L'Eurovision donne régulièrement lieu à des tensions politiques.

La Russie et l'Ukraine sont à couteaux tirés depuis l'annexion de la Crimée, suivie par un conflit armé dans l'est de l'Ukraine entre forces de Kiev et séparatistes prorusses, qui a déjà fait plus de 10 000 morts.