Pas de révolution, mais quelques évolutions sémantiques sur l'euro ou la peine de mort : Marine Le Pen, à Lyon pour deux jours d'« Assises présidentielles » le même week-end qu'Emmanuel Macron et Jean-Luc Mélenchon, dévoile ses « 144 engagements ».

Marine Le Pen, en tête des sondages de premier tour et donnée présente mais battue au second tour, dévoilera lors d'un rassemblement dimanche après-midi, sept grands thèmes de campagne : une France « libre », « sûre », « prospère », « juste », « fière », « puissante » et « durable ».

Dans les continuités : deux référendums rapides sur « la priorité nationale » et les quatre « souverainetés », budgétaire, territoriale, monétaire et législative, à « récupérer » ; la retraite à 60 ans avec 40 annuités de cotisations ; les 35 heures, négociables par branche ; la fin de l'Aide médicale d'État, la « tolérance zéro »...

Les nouveautés programmatiques sont assez techniques, notamment des messages à l'attention des petites entreprises. Aucun chiffrage n'a été donné à la presse.

Le vocabulaire a été lissé : pas de « sortie de l'euro » mais « rétablissement d'une monnaie nationale » ; « prime de pouvoir d'achat » plutôt qu'une « augmentation nette de 200 € des salaires jusqu'à 1,4 fois le SMIC » ; « remplacer les dispositions de la loi Taubira »...

La « perpétuité réelle » est désormais privilégiée à la peine de mort, même si Marine Le Pen, favorable à cette dernière, incite les Français à s'en « saisir » via un référendum d'initiative populaire nécessitant 500 000 électeurs. 

« Dans un premier temps, ça sera moins détaillé », expliquait à l'AFP Jean Messiha, coordinateur du projet.

Ce haut fonctionnaire a prévenu aussi : « Sortir de l'UE, de l'euro », thèmes qui inquiètent les électeurs et suscitent les attaques des adversaires du FN, « ce ne sera pas une promenade de santé mais nous assumons l'incertitude de la liberté ».

Mission très difficile

Marine Le Pen veut transformer cette présidentielle en référendum entre « patriotes » et « mondialistes ». Ces derniers ont des visages multiples, selon David Rachline, directeur de campagne : Macron « l'assumé », Fillon « le honteux ».

Pour un conseiller, Mme Le Pen « apparaît comme la candidate stable » avec une « mission très difficile : s'assurer des reports de voix au second tour ».

Aux régionales fin 2015, « la gauche s'est levée en masse » pour la droite et contre le FN. « À la présidentielle, ils vont bondir » pour l'écarter, s'inquiète-t-il.

Mme Le Pen et ses troupes tablent sur un affrontement de second tour avec l'ancien ministre de l'Économie Emmanuel Macron, « assez bonne formule pour nous », selon un dirigeant, avec « un débat extrêmement clair entre deux visions de la société » et une possible « fracturation de la droite », objectif central du FN.

« Sur le papier, Macron a plus de chances » de l'emporter, concède cependant un proche de Marine Le Pen.

Celle-ci doit aussi boucler le financement de sa campagne, d'abord.

Éloigner « ses » affaires, ensuite, notamment celle de ses propres assistants parlementaires, sa secrétaire et son garde du corps. Jugeant leur emploi indu, le Parlement européen va commencer en février à retenir sur son salaire d'eurodéputée près de 340 000 €. 

Deux des dirigeants du FN et des proches de Marine Le Pen sont en attente de leur procès en correctionnelle concernant le financement des campagnes présidentielle et législatives 2012.