Le gouvernement de Paolo Gentiloni en Italie devrait recevoir mercredi la confiance du Sénat, après celle obtenue la veille devant les députés, mais le compte à rebours est déjà lancé avant sa démission.

«Le gouvernement ira de l'avant tant qu'il aura la confiance» du Parlement, a déclaré mardi le nouveau président du Conseil devant la Chambre des députés.

Mercredi, le débat a repris au Sénat avant un vote prévu dans l'après-midi.

Le gouvernement Gentiloni dispose dans les deux chambres de la même majorité que son prédecesseur, qui a démissionné il y a une semaine, après le non massif des Italiens au référendum constitutionnel.

Matteo Renzi, désavoué dans les urnes mais pas au Parlement, a gouverné l'Italie pendant plus de mille jours, une performance dans un pays qui a connu 61 gouvernements depuis 1948.

Paolo Gentiloni a devant lui à peine plus d'un an, le mandat de la législature actuelle s'achevant au premier trimestre 2018. Mais même si une partie de la classe politique, essentiellement au sein de la majorité, est favorable à cette échéance, l'hypothèse semble peu probable tant la pression monte de toute part en faveur d'élections anticipées.

M. Renzi, toujours secrétaire général du Parti démocrate (PD, centre gauche), premier parti au sein de la coalition actuelle, s'est clairement prononcé en faveur de cette solution.

Selon le quotidien La Repubblica, il a même exprimé sa préférence pour la date du scrutin: le 11 juin.

Encore faut-il avoir réformé la loi électorale, condition indispensable pour éviter la paralysie du pays.

M. Gentiloni a confirmé mardi qu'il travaillerait à l'«harmonisation» des modes de scrutin en vigueur -- à dominante majoritaire pour la Chambre des députés et proportionnel pour le Sénat -- probablement vers plus de proportionnelle compte tenu du rapport des forces politiques.

«Vitalizio»

Mais certains parlementaires ne sont guère enthousiastes à l'idée d'un vote dès juin, qui les priverait de leur retraite de parlementaire.

Les centaines d'élus qui n'en sont qu'à leur premier mandat doivent en effet siéger au moins jusqu'au 15 septembre, faute de quoi ils n'auront pas assez d'ancienneté pour prétendre au «vitalizio», une rente à vie versée après leur mandat.

Le «vitalizio» est si impopulaire que peu osent suggérer ouvertement le mois d'octobre pour des élections anticipées. Mais ils peuvent toujours traîner les pieds pour trouver un accord sur la loi électorale.

«Ce gouvernement est né pour durer quelques mois, pour résoudre les situations d'urgence, changer la loi électorale, et pour amener les Italiens aux urnes disons vers juin. Mais comme cela arrive toujours, il n'est pas dit que cela se passe de la sorte», relève ainsi le politologue Giovanni Orsina, interrogé par l'AFP.

Une telle stratégie présente toutefois l'inconvénient de faire le jeu de l'opposition. Celle-ci, forte de sa «victoire» au référendum, dénonce le gouvernement Gentiloni comme un «Renzi-bis» illégitime et réclame des élections au plus vite.

Les populistes du Mouvement Cinq Étoiles (M5S) ont déjà appelé à une grande manifestation, un «flashmob pour la démocratie», d'ici au 24 juin, date à laquelle la Cour constitutionnelle doit se prononcer sur la loi électorale en vigueur à la Chambre des députés.

Le M5S estime qu'une fois la loi amendée par la Cour, il sera possible de voter dès février.

Les partisans d'un scrutin en juin avancent un autre argument: il est impératif de voter à cette date pour désamorcer la «bombe» d'un autre référendum, celui sur le Jobs Act, la réforme controversée du droit du travail.

Ce référendum d'initiative populaire, très risqué pour cette mesure phare du gouvernement Renzi, pourrait avoir lieu au printemps. Mais en cas d'élections anticipées, il serait renvoyé à une date ultérieure, sans plus menacer la campagne électorale que Matteo Renzi semble plus que jamais prêt à entamer.