Un homme d'affaires franco-libanais, qui affirme avoir remis des fonds libyens à l'ancien président français Nicolas Sarkozy, a réitéré jeudi ses propos devant des enquêteurs français, sans pouvoir prouver que l'argent a servi à financer la campagne présidentielle de 2007.

Ziad Takieddine a été entendu dans la matinée dans les locaux de l'office anticorruption de la police judiciaire, en région parisienne, après une première audition mardi. Ces auditions interviennent à quelques jours du premier tour de la primaire de droite dimanche, où Nicolas Sarkozy espère s'imposer.

Dans un entretien vidéo diffusé mardi par le site d'information Mediapart, M. Takieddine affirme avoir lui-même transporté « un total de cinq millions d'euros (plus de 7 millions de dollars CAN) » en liquide entre la Libye et la France, entre novembre 2006 et début 2007, en trois voyages.

PHOTO ERIC FEFERBERG, ARCHIVES AFP

Nicolas Sarkozy, alors président de la France, avec son homologue libyen de l'époque, le défunt Mouammar Kadhafi, à l'Élysée, en décembre 2007.

Des fonds qu'il dit avoir remis une fois directement à Nicolas Sarkozy, alors ministre de l'Intérieur, et les deux autres fois à son directeur de cabinet de l'époque, Claude Guéant.

Les valises d'argent lui auraient été confiées à Tripoli par le chef des services secrets libyens sous le régime de Mouammar Kadhafi.

« À l'époque, il ne sait pas, et il ne sait toujours pas, si cet argent était destiné au financement de la campagne électorale (de 2007), il peut le penser, mais il n'en a pas la preuve non plus », a expliqué l'avocate de Ziad Takieddine, Elise Arfi.

« Je suis venu confirmer les éléments déjà connus et ceux qui ont été obtenus par la justice dans le cadre de l'instruction sur le financement libyen, j'ai relaté tout ce que je savais, dans l'intérêt de la France », a dit pour sa part le Franco-Libanais à l'issue de son audition.

Le sulfureux homme d'affaires a déjà porté par le passé des accusations sur un éventuel financement libyen de la campagne de la droite en 2007, remportée par Nicolas Sarkozy, sans pour autant apporter de preuves.

Nicolas Sarkozy a opposé un « démenti formel » à ces nouvelles allégations, en dénonçant « une manoeuvre nauséabonde pour interférer dans la primaire de la droite et du centre ». Ce scrutin permettra de choisir le candidat de la droite à l'élection présidentielle de 2017.

L'ancien président et Claude Guéant ont en outre promis des poursuites judiciaires.

Après trois ans d'investigations, des juges français disposent de plusieurs témoignages d'ex-hauts responsables du régime libyen qui accréditent la thèse d'un financement occulte, mais aucune preuve ne vient confirmer ces accusations.