Vladimir Poutine a nié jeudi tout «élément de corruption» incriminant son cercle rapproché dans le scandale des Panama Papers et a défendu son «ami», le violoncelliste Sergueï Roldouguine, accusé d'être au coeur des montages financiers de proches du président russe.

«Quel élément de corruption? Il n'y en a aucun», a déclaré le chef de l'État russe lors d'un forum public à Saint-Pétersbourg, accusant les États-Unis d'être derrière cette vaste enquête journalistique qui lève le voile sur un système d'évasion fiscale impliquant de hauts responsables politiques et économiques dans le monde entier.

«Ils ont passé au peigne fin ces paradis fiscaux, mais votre humble serviteur n'y figurait pas. (...) Alors qu'est-ce qu'ils ont fait?», a demandé M. Poutine, qui s'exprimait publiquement pour la première fois sur le sujet. «Ils ont trouvé certaines de mes connaissances et certains de mes amis» et suggéré que leurs activités «avaient un élément de corruption», a-t-il poursuivi.

«WikiLeaks nous a montré que des responsables et des institutions américaines étaient derrière» cette enquête, a ajouté M. Poutine, se référant à un message de l'organisation sur Twitter accusant les auteurs des Panama Papers d'être financés par l'agence américaine USAID et la fondation du milliardaire George Soros.

Le président russe a également défendu son ami de jeunesse Sergueï Roldouguine, accusé par les Panama Papers d'être au coeur de la nébuleuse de sociétés-écrans ayant servi aux proches du président russe à cacher jusqu'à 2 milliards de dollars (environ 2,6 milliards de dollars CAN) dans des paradis fiscaux.

«C'est un homme créatif. Beaucoup de gens créatifs en Russie (...) essayent de faire des affaires et d'après ce que je sais, lui aussi», a commencé M. Poutine. «Mais quel est son business? Il est actionnaire minoritaire d'une société russe. Et il y gagne de l'argent, mais pas des milliards de dollars. Ce sont des bêtises, il n'y a rien de tel», a poursuivi le président russe.

«Presque tout l'argent qu'il gagne, il le dépense pour acquérir des instruments de musique à l'étranger et les ramener en Russie. Des choses coûteuses», a assuré M. Poutine, qualifiant le violoncelliste de «brillant musicien».

«Plus nous aurons de personnes comme lui, mieux ce sera. Je suis fier d'avoir de tels amis», a conclu M. Poutine, suscitant les applaudissements de ses auditeurs.

Au lendemain des révélations du site du Consortium international de journalistes d'investigation (ICIJ), le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, avait estimé que le président russe était la «principale cible» de l'enquête planétaire et fustigé des documents pleins d'«inventions» et de «falsifications» visant à «déstabiliser» la Russie.