Deux réfugiés arrêtés en décembre en Autriche, fortement soupçonnés d'avoir projeté des attaques djihadistes en Europe, ont été identifiés dans le cadre de l'enquête sur les attentats parisiens de novembre, a-t-on appris mercredi de source proche du dossier.

Un Algérien de 28 ans et un Pakistanais de 34 ans munis de faux passeports syriens avaient été arrêtés le 10 décembre dans un centre de réfugiés à Salzbourg, à la frontière allemande, où ils étaient arrivés fin novembre.

Très vite, les enquêteurs ont mis en évidence de « très fortes présomptions » à leur encontre, estimant qu'il s'agissait « de terroristes envoyés par l'État islamique en Europe », selon une source proche du dossier. Ils sont actuellement en détention provisoire en Autriche dans le cadre d'une enquête antiterroriste.

« Je voulais aller en Allemagne. C'est un beau pays. Les gens sont gentils là-bas. J'aime leur équipe nationale de foot. Je voulais aller dans la capitale allemande, à Francfort », a déclaré le suspect algérien devant les enquêteurs autrichiens.

Ce ressortissant algérien aurait rejoint l'organisation djihadiste État islamique (EI) en février 2015, et le Pakistanais est de son côté décrit comme un artificier pour deux groupes djihadistes pakistanais réputés proches d'Al-Qaïda, selon cette source.

Coïncidences troublantes

Les enquêteurs français et autrichiens cherchent aussi à savoir s'ils devaient jouer un rôle lors des attentats du 13 novembre à Paris et près du Stade de France, qui ont fait 130 morts.

Au fil des investigations, des coïncidences troublantes sont apparues.

Les deux hommes ont débarqué sur l'île de Leros en Grèce le 3 octobre, parmi un groupe de 198 migrants dans lequel s'étaient infiltrés deux des kamikazes qui se sont fait exploser au Stade de France, voyageant eux aussi avec de faux passeports syriens.

Ils sont alors interpellés pour possession de faux documents et incarcérés jusqu'au 28 octobre. A leur sortie de prison, ils font l'objet d'une procédure d'expulsion leur enjoignant de quitter la Grèce sous 30 jours.

Le cerveau présumé des attentats, Abdelhamid Abaaoud, tué lors de l'assaut policier à Saint-Denis, près de Paris après les attentats du 13 novembre, avait été repéré en Grèce en septembre.

Numéro trouble

Les enquêteurs ont retrouvé dans le portable de l'Algérien un numéro de téléphone turc, connu des services « comme étant en lien avec des membres d'un réseau de soutien logistique à l'organisation Etat islamique », selon une source proche du dossier.

Or ce numéro est le même que celui retrouvé dans la poche d'un des kamikazes du Stade de France. Il aurait aussi été en lien avec Ahmed Dahmani, un Belgo-Marocain soupçonné d'avoir participé au repérage des cibles des attentats parisiens et arrêté en Turquie.

Les téléphones de l'Algérien et d'un proche d'Abdelhamid Abaaoud interpellé le 17 janvier 2015 en Grèce contenaient également un même numéro de téléphone grec.

Le 18 décembre, la police autrichienne avait arrêté, toujours à Salzbourg, un Marocain âgé de 25 ans ainsi qu'un Algérien, âgé de 40 ans, soupçonnés d'avoir été en « contact étroit » avec les deux suspects.