La police suisse recherchait jeudi au moins quatre personnes liées à la mouvance djihadiste à Genève, où la sécurité a été renforcée en réponse à une «menace terroriste», moins d'un mois après les attentats de Paris.

Le procureur général de la Confédération a annoncé dans un communiqué avoir ouvert mercredi une enquête pénale «sur la base d'une menace terroriste dans la région de Genève».

«Le but principal est d'empêcher un évènement terroriste», a expliqué le procureur. D'après, Emmanuelle Lo Verso, chargée de la communication du Département de la sécurité, «nous sommes passés d'une menace floue à une menace précise».

Quatre hommes liés au groupe djihadiste État islamique sont recherchés, a indiqué à l'AFP un vétéran des gardes de l'ONU. Les noms de quatre hommes considérés comme des sympathisants de l'EI figurent dans une note de la police genevoise que les journalistes de La Tribune de Genève ont pu consulter. Il y est également fait mention de trois villes particulièrement menacées actuellement: Genève, Toronto et Chicago.

La police indique aussi qu'ils sont «armés et dangereux», selon Le Matin.

Ces informations auraient été transmises par les renseignements américains aux autorités suisses. Le journal Le Matin publie une photo de quatre jeunes hommes, assis, barbus, le doigt en l'air à la façon des combattants de l'État islamique. Leur visage est flouté comme c'est la règle.

Le journal La Tribune de Genève affirme par ailleurs qu'en plus de ces quatre suspects, deux autres personnes sont également recherchées, entrées en territoire suisse avec un véhicule utilitaire immatriculé en Belgique dans la nuit de mardi à mercredi.

Une des personnes qui se trouvait dans la camionnette repérée par la police le 8 décembre est fichée comme étant un ami de Salah Abdeslam, l'un des suspects clés des attentats de Paris, toujours en fuite, affirme le journal Le Temps. Les deux occupants de ce véhicule avaient notamment été signalés par les Français en raison de forts soupçons de radicalisation. Ils avaient réussi à prendre la fuite et à quitter la Suisse.

Mais ils n'auraient pas de lien direct avec les quatre personnes recherchées.

Alerte aux Nations unies

Les Nations unies ont leur siège européen à Genève, qui fait l'objet jeudi d'une surveillance renforcée avec de nombreux gardes armés de fusils automatiques, une mesure tout à fait inhabituelle.

«L'alerte a été lancée mercredi soir à 20 h (14 h, heure de Montréal). Après avoir rassemblé des renforts, nous avons fouillé le bâtiment dans la soirée et demandé à ceux qui y travaillaient encore de l'évacuer», a expliqué le garde de l'ONU.

Le Palais des Nations accueille dans la journée plusieurs milliers de fonctionnaires internationaux et environ 400 gardes des Nations unies sont chargés de sa protection.

Une réunion sur la Syrie entre émissaires de l'ONU, vice-ministres américain et russe, prévue vendredi ne se tiendra pas au siège de l'ONU, mais dans un lieu secret et aucune couverture médiatique n'aura lieu, ont annoncé jeudi les Nations Unies.

À Genève et sa région, des forces de police supplémentaires ont été déployées et le niveau d'alerte relevé, précise le Département de la sécurité dans un communiqué.

Contrôles renforcés à la frontière française

Après les attentats djihadistes de Paris du 13 novembre qui ont fait 130 morts et l'instauration de l'état d'urgence en France, les très nombreux points de passage entre la France et la Suisse dans la région de Genève donnent lieu à des contrôles renforcés, les forces de sécurité suisses et françaises coopérant dans cette mission.

Ces mesures ont encore été renforcées jeudi, notamment dans l'Ain et la Haute-Savoie, deux départements français limitrophes de la région genevoise.

«Les services de police, de gendarmerie et des douanes sont sur le terrain et renforcent leurs contrôles», a ainsi fait savoir la préfecture de l'Ain. «Le degré de vigilance aux frontières déjà élevé a été rehaussé dans les deux sens», a souligné de son côté la préfecture de Haute-Savoie.

Outre le siège européen de l'ONU, Genève accueille une trentaine d'organisations internationales.

Pour l'heure, aucun événement officiel n'a été annulé, mais «des patrouilles supplémentaires encadreront dimanche le cortège de l'Escalade», a indiqué l'État de Genève.

Ce cortège historique, durant lequel 800 personnes en costumes d'époque défilent, attire chaque année plusieurs milliers de spectateurs.