Deux nouveaux suspects, de nationalité libyenne, ont été identifiés dans l'enquête sur l'attentat de Lockerbie qui avait fait 270 morts en Écosse en 1988, ont annoncé jeudi les services écossais du procureur de la couronne (CPS).

Ces «deux individus sont soupçonnés d'être impliqués, avec Abdelbaset al-Megrahi, dans l'attentat», déclare le CPS dans un communiqué, précisant avoir travaillé avec les autorités judiciaires américaines sur le dossier.

Le 21 décembre 1988, un Boeing 747 de la Pan Am, qui effectuait la liaison Londres-New York, explosait au-dessus de Lockerbie en Écosse, 38 minutes après son décollage. Les 259 passagers - essentiellement américains - et membres d'équipage avaient été tués, ainsi que onze habitants de Lockerbie.

Seule personne condamnée dans cette affaire, al-Megrahi, qui a toujours clamé son innocence, est décédé en mai 2012 en Libye, après avoir été libéré trois ans plus tôt par l'Écosse pour raisons de santé. Il était atteint d'un cancer de la prostate.

Les services du procureur de la couronne indiquent avoir envoyé une lettre aux autorités judiciaires libyennes identifiant formellement les deux nouveaux suspects.

L'Écosse et les États-Unis réclament en outre «l'assistance des autorités judiciaires libyennes pour que la police écossaise et le FBI interrogent à Tripoli les deux suspects», selon le communiqué du CPS.

Interrogé à ce sujet, un responsable du parquet de Tripoli s'est refusé à tout commentaire, et le ministère de la Justice a fait savoir via un porte-parole ne pas être «encore impliqué».

Si le bureau du procureur écossais ne fournit aucun détail sur l'identité des deux suspects, il pourrait s'agir, selon les médias britanniques, d'Abdullah Senoussi, ancien espion en chef du dictateur déchu Mouammar Kadhafi, et d'Abu Agila Mas'ud.

Abdullah Senoussi se trouve actuellement en prison en Libye, après avoir été condamné à mort en juillet pour son rôle dans la répression meurtrière de la révolte ayant mis fin à l'ancien régime en 2011.

Abu Agila Mas'ud, un expert en explosif, se trouverait également en prison dans son pays. Son nom est également cité dans un documentaire réalisé par Ken Dornstein, frère d'une des victimes.

En 2003, le régime libyen de Mouammar Kadhafi a reconnu officiellement sa responsabilité dans l'attentat, puis a payé 2,7 milliards de dollars en guise d'indemnisation aux familles des victimes.

Après la chute de Kadhafi en 2011, la justice écossaise a formellement demandé aux nouvelles autorités libyennes de l'aider dans l'enquête, et les États-Unis d'avoir accès aux éléments du dossier. De leur côté, les nouvelles autorités libyennes ont fait part de leur volonté de faire la vérité sur l'attentat et des enquêteurs américains et écossais se sont rendus en Libye.