Le Parlement grec doit approuver aujourd'hui un plan de mesures fiscales et économiques encore plus rigoureux que celui qui a été rejeté par les Grecs lors du référendum du 5 juillet. L'adoption ne passera pas comme une lettre à la poste, la gauche étant outrée par le contenu de l'entente. Toutefois, deux électeurs rencontrés en Grèce la semaine dernière sont sûrs que le plan sera accepté. Parce que, disent-ils, leur pays n'a pas le choix.

Anthimos Theodoridis n'a pas exactement le moral au beau fixe par les temps qui courent.

Le pâtissier d'Athènes, qui a voté Non lors du référendum il y a 10 jours, est fâché et inquiet par rapport à ce qui s'est passé à Bruxelles le week-end dernier, soit cette négociation très dure entre le premier ministre grec et les chefs de gouvernement européens au sujet de l'impasse financière de la Grèce.

L'accord, qui a été conclu en échange de liquidités pour protéger le pays de la faillite et qui prévoit des réformes plus austères que celles rejetées par les Grecs lors du référendum du 5 juillet, lui déplaît immensément.

Mais c'est surtout l'affront au premier ministre grec Alexis Tsipras, pourtant fort de son mandat référendaire, qui le choque. «Ils lui ont mis un fusil sur la tempe, il n'avait aucun choix», a-t-il dit lorsqu'on l'a joint au téléphone.

M. Theodoridis, un père de famille du quartier populaire d'Aigaleo, tient à dire qu'il n'est ni socialiste ni communiste. «Je ne suis rien», affirme-t-il. Mais le référendum a montré démocratiquement que la population était avec Tsipras, affirme-t-il. «Pourquoi alors le traiter comme ça? De quel droit?»

«On ne peut pas survivre avec ces taxes»

Il s'inquiète des réformes qui doivent être adoptées par le Parlement grec aujourd'hui. La hausse de la taxe de vente? «Voyons! La taxe était de 13%, maintenant elle sera de 23%!» Il se demande qui pourra la payer, puisque les Grecs étaient déjà en difficultés financières. «On était dans le fond du trou déjà. Personne ne peut donner cet argent. On ne peut pas survivre avec ces taxes, on ne peut pas payer ces taxes.»

Il a de sérieux doutes sur ce que l'État pourra aller chercher.

Mais au-delà des réformes concrètes, c'est la joute politique qui le trouble. «[Les leaders européens] veulent la droite. Ils veulent Nea Demokratia, ils veulent Pasok, ils ne veulent pas Syriza», dit-il, faisant référence aux différents partis politiques grecs, dont celui, de la gauche radicale, du premier ministre Tsipras.

«Ici, tout le monde est déçu, mes clients, les gens à qui je parle... Mais tout le monde comprend que Tsipras n'avait pas le choix. Ils croient qu'il a essayé, vraiment. Sauf que maintenant, on ne peut pas regarder en haut, juste en bas.»

MANQUE D'OPTIONS

Konstantinos P. a voté Oui dernièrement au référendum. Ancien militaire, dans la quarantaine, il a voté Oui parce que, selon lui, c'était un moindre mal. Il fallait accepter les mesures d'austérité demandées par les créanciers de la Grèce parce qu'il n'y a tout simplement pas d'autre option.

Comment se sent-il maintenant, alors que le Parlement grec doit adopter des mesures fiscales et économiques ultra-draconiennes? «Personne n'avait le choix, comme je vous l'ai dit la semaine dernière avant le vote. Et le pire, c'est que ceci ne réglera pas vraiment la crise grecque.»

Selon lui, son pays en a encore pour des mois de difficultés bancaires, et peut-être jusqu'à cinq ans de chômage et de taxes élevés. «J'espère un miracle, peut-être grâce aux programmes de développement économique [aussi prévus dans l'entente].»

Inquiétude

L'entente sera-t-elle acceptée par le Parlement? Par la population? «Oui, car on n'a juste pas d'autre choix.»

La population n'est pas du tout heureuse de tout ça, selon lui. «Les gens cherchent des emplois stables, les retraités voient leurs pensions réduites alors que les prix des biens vont augmenter...»

Konstantinos est inquiet.

«Tout ce que j'espère, c'est que la population ne va pas se diviser totalement en deux groupes en conflit.»