Un nouveau conseil restreint présidé par François Hollande se tiendra samedi à 11 h 00 à l'Élysée, au lendemain de l'attentat islamiste à Saint-Quentin-Fallavier (Isère) dans lequel un cadre d'entreprise a été décapité.

Le premier ministre Manuel Valls, qui a écourté sa visite en Amérique du Sud, sera présent lors de ce deuxième conseil, qui réunira également les ministres Laurent Fabius (Affaires étrangères), Christiane Taubira (Justice), Jean-Yves Le Drian (Défense) et Bernard Cazeneuve (Intérieur), a précisé la présidence de la République dans un communiqué.

Par ailleurs, plusieurs ressortissants français ont été tués dans l'attentat sanglant contre un hôtel tunisien, revendiqué par le groupe État islamique et dans lequel 38 personnes ont trouvé la mort, a annoncé le premier ministre tunisien Habib Essid vendredi soir.

«Les nationalités des morts, il y a en majorité des Britanniques. Et des Allemands, et des Belges, et des Français», a indiqué le premier ministre, sans plus de précisions.

À Paris, un précédent conseil restreint, présidé par François Hollande qui avait dû écourter sa présence à un sommet européen à Bruxelles, avait eu lieu vendredi au cours duquel le chef de l'État avait appelé à «l'unité» et annoncé que le plan Vigipirate était porté «en alerte maximum» pendant trois jours en Rhône-Alpes.

Un cadre d'entreprise de 54 ans, avait été «abjectement décapité» et des drapeaux islamistes avaient été retrouvés dans un site de gaz industriels en Isère, moins de six mois après ceux de Paris.

L'auteur présumé, Yassin Salhi, 35 ans, déjà fiché en 2006 par les services de renseignements pour «radicalisation», selon l'Intérieur, a été arrêté.

La victime était directeur commercial au sein de l'entreprise de transport Colicom/ATC où travaillait aussi l'auteur présumé de l'attentat Yassin Salhi. Ses locaux ont été perquisitionnés à Chassieu (Rhône) vendredi en fin de journée.

Le parquet antiterroriste s'est saisi de l'enquête. Fraîchement arrivé en région lyonnaise en provenance de l'Est de la France, Yassin Salhi avait de nouveau été repéré entre 2011 et 2014 pour ses liens avec la mouvance salafiste lyonnaise, a précisé le procureur de la République de Paris, François Molins. Son casier judiciaire était vierge.

Trois autres personnes ont été interpellées: la femme et la soeur du suspect qui résidait en famille à Saint-Priest dans la banlieue lyonnaise; et le propriétaire d'un véhicule repéré à proximité du site, finalement relâché.

Selon les premiers éléments, le suspect s'est présenté seul peu avant  9 h 30 devant l'usine dans un véhicule utilitaire. Il a pu pénétrer sur le site, car «il avait l'habitude de rentrer dans l'usine pour des livraisons» et était ainsi connu du personnel, qui lui a ouvert la porte, a précisé François Molins.

Il aurait ensuite foncé sur des bonbonnes de gaz stockées sur le site, provoquant une explosion dont il réchappait. Il tentait alors de déclencher une autre explosion --qui aurait pu être bien plus dévastatrice (43 personnes se trouvaient sur le site)-- quand deux pompiers intervenaient, accueillis au cri de «Allahou Akbar» (Dieu est le plus grand). L'un d'eux l'a maîtrisé.

Les gendarmes découvraient ensuite dans l'usine le corps «abjectement décapité», selon les mots du ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve, de la victime, puis sa tête accrochée au grillage d'enceinte, entourée de deux drapeaux islamistes.

«Horreur», «barbarie», sont les termes qui reviennent régulièrement sous la plume des éditorialistes français samedi après les attentats islamistes en France, en Tunisie et au Koweït de la veille.

«Jihad Nauseam» (ndlr : le jihad jusqu'à la nausée, «ad nauseam») titre Libération à la Une. «L'horreur islamiste», écrit pour sa part Le Figaro, tandis que Le Monde rappelle que «la France (est) frappée par un nouvel attentat». «L'horreur sur tous les fronts», affirme de son côté Aujourd'hui en France/Le Parisien.

Ce nouvel attentat «de nature terroriste», selon le président François Hollande, intervient moins de six mois après ceux de janvier à Paris, qui avaient fait 17 morts.