L'agresseur présumé de trois militaires français en faction devant un centre communautaire juif mardi à Nice, un mois après les attentats jihadistes à Paris, a été inculpé samedi pour tentatives d'assassinats en relation avec une entreprise terroriste et placé en détention provisoire, a appris l'AFP de source judiciaire.

Un soldat avait été blessé au couteau à une joue, et un autre au bras, alors que le troisième avait maîtrisé l'assaillant, Moussa Coulibaly, 30 ans, une personne connue des services de renseignement après avoir donné «des signes de radicalisation», selon l'expression du ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve.

Durant sa garde à vue, il a rompu le silence mercredi pour évoquer sa haine de la France, de la police, des militaires et des juifs, selon une source proche de l'enquête.

Les enquêteurs cherchent dorénavant à déterminer le parcours et les motivations de Moussa Coulibaly, entre autres de déterminer s'il savait que les militaires surveillaient l'accès à un centre communautaire abritant discrètement, dans une cour en retrait de la rue, le Consistoire israélite de Nice, Radio Shalom et une association juive.

Après les premières 48 heures de garde à vue, il a fait savoir jeudi qu'il ne souhaitait «plus être assisté d'un avocat», a indiqué vendredi à l'AFP son avocate commise d'office pour les premiers interrogatoires, Me Caroline Laskar.

Cette attaque à Nice a été la première qualifiée de «terroriste» depuis les attentats perpétrés par trois jihadistes français à Paris du 7 au 9 janvier contre la rédaction de l'hebdomadaire satirique Charlie Hebdo, des policiers et un supermarché casher, qui ont fait 17 morts. Les trois auteurs avaient été abattus par les forces de l'ordre.

Moussa Coulibaly n'a «a priori» aucun lien avec Amédy Coulibaly, l'un des trois auteurs des attentats de Paris, selon plusieurs sources proches de l'enquête. Amédy Coulibaly avait abattu une policière dans la banlieue sud de Paris le 8 janvier avant de tuer le lendemain un employé et trois clients juifs lors d'une prise d'otages sanglante dans un supermarché casher.

Dans l'hôtel proche de la gare de Nice où Moussa Coulibaly séjournait depuis le 29 janvier, les policiers ont trouvé un texte écrit de sa main adressé à Allah, mais où il ne mentionne aucun projet d'attentat, selon une source proche de l'enquête.

Il était déjà venu à Nice les 25 et 26 janvier, puis était parti en Corse où il s'était fait repérer par la police aux frontières en cherchant à acheter un aller simple au départ de Nice pour la Turquie, étape sur la route du jihad en Syrie.

La Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), alertée par la police aux frontières, avait demandé aux autorités turques de le refouler, ce qu'elles ont fait le 29 janvier. A son retour en France, il avait été placé sous surveillance policière.

Moussa Coulibaly est connu pour des faits de droit commun à Mulhouse (est) où il a résidé entre avril 2006 et novembre 2009: vol à l'étalage, violences, usage de stupéfiants, outrage à agents de la force publique.

Quelque 10 500 militaires ont été déployés en renfort en France depuis les attentats pour protéger les sites sensibles, notamment ceux de la communauté juive.