Une voiture a foncé lundi soir dans la foule d'un marché de Noël à Nantes, dans l'ouest de la France, au lendemain d'un drame similaire à Dijon les autorités évoquant dans les deux cas l'oeuvre de déséquilibrés.

À Nantes (centre-est), le drame a fait 11 blessés dont cinq graves, parmi lesquels l'automobiliste qui s'est porté une dizaine de coups de couteau au thorax après avoir délibérément heurté des piétons. Il ne s'est pas exprimé et ses motivations ne sont pas connues.

Le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve a évoqué lundi soir sur place l'oeuvre «d'un déséquilibré». «Ce sont des actes plus difficiles à prévenir que d'autres», a-t-il admis.

Il s'agit d'«un acte isolé» et «on ne peut pas parler d'un acte terroriste», avait déclaré auparavant la procureure de Nantes Brigitte Lamy.

Le premier ministre Manuel Valls a de son côté exprimé sa «préoccupation» tout en appelant au «sang froid» et au «discernement» après ces faits, alors que samedi un homme criant «Allah Akbar» avait blessé trois policiers à coups de couteau avant d'être abattu à Joué-les-Tours (centre-ouest).

Il avait estimé plus tôt dans la journée que «jamais» la France n'avait connu «un aussi grand danger en matière de terrorisme», évoquant les personnes attirées par le jihad en Syrie ou en Irak et pouvant aussi commettre des attentats en France.

M. Valls s'exprimait devant des policiers à Montpellier (sud), deux jours après l'attaque de Joué-les-Tours commise dans un commissariat par un jeune de nationalité burundaise vivant en France.

Si dans ce cas le mobile de l'islamisme radical semble établi, en revanche l'automobiliste qui a blessé dimanche 13 piétons à Dijon souffre lui de «pathologie psychiatrique ancienne et lourde», a indiqué la procureure de Dijon, Marie-Christine Tarrare, au cours d'une conférence de presse. Son geste «ne relève absolument pas d'un acte terroriste», a-t-elle assuré.

L'homme, un Français de 40 ans né en France de mère algérienne et de père marocain, dit avoir agi seul, ému par la souffrance des enfants palestiniens et tchétchènes, a-t-elle précisé. Cet ancien toxicomane qui a fait 157 passages en hôpital psychiatrique, souffre d'une «psychose ancienne» faite de «délire mystique».

Troisième drame en trois jours

À Nantes, l'homme au volant d'une camionnette a foncé vers 19 h (13 h, heure de l'Est) sur un chalet qui servait du vin chaud et devant lequel se trouvaient plusieurs personnes, a précisé un témoin à une correspondante de l'AFP.

Selon une source proche du dossier, l'auteur de cette agression est âgé de 37 ans. Dans son véhicule a été retrouvé un carnet contenant des propos confus témoignant de difficultés psychologiques et familiales. L'homme est connu pour vol simple et recel en 2006 et dégradation de véhicule en 2008, selon la même source, qui a précisé que son état est jugé sérieux mais que ses jours ne sont pas en danger.

«J'ai simplement vu la voiture foncer dans le stand. Elle a foncé complètement dans les gens» en train de boire du vin chaud, a déclaré une femme d'un certain âge qui faisait ses courses de Noël sur ce marché installé sur une place du centre-ville où se trouvaient entre 200 et 300 personnes.

Selon la procureure Lamy, le pronostic vital d'une personne blessée est engagé.

«Vigilance»

Dans un contexte de crainte d'une importation en France des actions djihadistes de Syrie et d'Irak, le président socialiste François Hollande a appelé lundi à «ne pas céder à la panique». Il a aussi rappelé que les services de l'État avaient la consigne d'observer une «extrême vigilance».

L'enquête sur l'attaque de Joué-lès-Tours s'oriente vers «l'islamisme radical», l'agresseur de nationalité burundaise, Bertrand Nzohabonayo, étant un converti à l'islam qui avait affiché sur son compte Facebook le drapeau du groupe djihadiste État islamique (EI).

Vivant en France avec sa famille et connu pour des affaires de petite délinquance, il n'était pas fiché pour «des activités à caractère terroriste», selon Bernard Cazeneuve.

La page Facebook du jeune homme, qui avait pris le prénom de Bilâl lors de sa conversion à l'islam, selon un de ses proches, affiche plusieurs textes et slogans inspirés de l'islam radical.

Sur les photos qui circulent sur les réseaux sociaux, on distingue un jeune souriant au crâne rasé et au collier de barbe noire fourni, sans moustache.

Le frère de l'agresseur, connu en revanche pour ses positions radicales et qui selon des sources proches du dossier a un temps envisagé de partir en Syrie, a été arrêté samedi au Burundi, a déclaré lundi à l'AFP le porte-parole du Service burundais de renseignement, Télesphore Bigirimana.

Selon lui, les services burundais avaient, dès 2013, signalé les deux frères comme «suspects» à leurs homologues français, en raison de leur intégrisme religieux.

Selon les enquêteurs français, la mère des deux garçons avait fait un signalement aux forces de l'ordre en mai 2013, s'inquiétant de leur radicalisation.

Trois drames en trois jours 

Selon une source proche du dossier, l'auteur de l'agression de Nantes est âgé de 37 ans. Dans son véhicule a été retrouvé un carnet contenant des propos confus témoignant de difficultés psychologiques et familiales. L'homme est connu pour vol simple et recel en 2006 et dégradation de véhicule en 2008, selon la même source, qui a précisé que son état est jugé sérieux, mais que ses jours ne sont pas en danger.

«On ne peut parler d'acte de terrorisme», a estimé de son côté la procureure à Nantes, ajoutant: «ça paraît un cas isolé». Il n'y a pas «de revendication particulière [...] Ça ressemble, sous réserve de vérifications, à un acte du même genre que ce qui s'est produit à Dijon».

Dimanche, un homme suivi pour des troubles psychiatriques depuis 2001 et régulièrement hospitalisé, avait foncé en voiture sur des passants dans la capitale bourguignonne en criant «Allah Akbar» («Dieu est le plus grand», en arabe), blessant 13 personnes.

Samedi, à Joué-lès-Tours, un Burundais âgé de 20 ans a blessé à l'arme blanche trois policiers, dont les jours ne sont pas en danger, avant d'être tué. L'agresseur s'était récemment converti à l'islam, affichant sur son compte Facebook le drapeau du groupe djihadiste État islamique (EI).

Face à ces événements, François Hollande, qui entame mardi une visite à Saint-Pierre-et-Miquelon, a demandé au premier ministre Manuel Valls d'organiser dans la matinée à Matignon une réunion ministérielle pour «mobiliser les services de l'État» et décider d'éventuelles «mesures», après la série de drames des derniers jours.

Selon l'Élysée, ces actes «semblent sans rapport entre eux». Mais le chef de l'État «appelle les services de l'État à la plus grande vigilance».

M. Valls, qui a dit sa «préoccupation» devant cette «succession de drames», a appelé au «sang-froid» et au «discernement», selon Matignon.