Glasgow, ville d'Écosse la plus peuplée et à ce titre la plus courtisée, accueillait vendredi des ténors des deux camps - dont pour la première fois le dirigeant du UKIP populiste et europhobe Nigel Farage - à six jours du référendum d'indépendance.

Le duo indépendantiste Alex Salmond et Nicola Sturgeon se rendait dans pas moins de six villes vendredi pour porter haut les couleurs d'une Écosse indépendante et tenter de convaincre les derniers indécis : la numéro deux du SNP ouvrait le bal dans la banlieue défavorisée de Glasgow, avant Édimbourg et Stirling.

Sous un ciel gris et bas, l'indépendantiste, accompagnée de l'acteur-réalisateur Peter Mullan, dénonçait une nouvelle fois «les tactiques négatives interminables» du camp du Non devant le centre local pour demandeurs d'emploi.

Les débats étaient passionnés du fait de la présence de militants du Non, dont de nombreux jeunes, et de caméras de télévision dans ce quartier où le taux de chômage avoisine les 20 %.

«Que les gens votent Oui ou Non, le pays a retrouvé une conscience politique. Regardez tous ces jeunes. L'Écosse ne sera plus jamais la même», a déclaré à l'AFP Peter Mullan, qu'on a pu voir notamment dans Trainspotting, qui votera pour l'indépendance jeudi.

Le premier ministre écossais prenait quant à lui la voie des airs pour rejoindre Aberdeen, Inverness puis Dundee avant de retrouver Nicola Sturgeon à Perth.

Tout au long de la journée, ils comptent mettre en avant ce qu'ils présentent comme les sept atouts clés de l'indépendance : le pouvoir de créer des emplois, la protection du service de santé publique NHS, le départ des sous-marins nucléaires Trident, la réforme de la garde d'enfants, le contrôle de la sécurité sociale et du salaire minimum et enfin la certitude «de toujours obtenir le gouvernement pour lequel nous votons».

Remontée du Non

Le chef des travaillistes, Ed Miliband - partisan du Non - faisait quant à lui équipe avec l'ancien premier ministre Gordon Brown à Édimbourg et à Glasgow pour tenter de contenir l'hémorragie de voix fuyant le centre gauche.

Comme les chefs des deux autres grands partis de Westminster, le conservateur David Cameron et le libéral-démocrate Nick Clegg, Ed Miliband est monté au front en catastrophe cette semaine, sans forcément recevoir un accueil très chaleureux dans le Nord.

Nouveau venu dans la campagne en terres écossaises, le leader du UKIP, Nigel Farage, organisait son propre rassemblement à Glasgow dans la soirée pour appeler lui aussi à rejeter l'indépendance.

Peine perdue pour beaucoup d'Écossais, tant son impopularité est grande dans la région. «Farage vient aussi? Hahaha! C'est fantastique. On le déteste encore plus que les autres. Ça va encore profiter au Oui», soulignait Ian, chauffeur de taxi.

Entouré des députés européens de son parti populiste et europhobe, M. Farage compte tout de même affirmer haut et fort qu'Alex Salmond ne fait en réalité pas campagne pour l'indépendance, mais pour un nouveau type d'assujettissement, à l'Union européenne cette fois.

«M. Salmond veut que ses lois soient décidées à Bruxelles», a dénoncé à la BBC le responsable du UKIP. Avant d'exhorter à la radio LBC la reine Élisabeth II à sortir pour une fois de son impartialité politique, afin de soutenir l'union.

Deux nouveaux sondages plaçaient le Non en tête vendredi.

Selon YouGov, 50 % des Écossais sondés comptent voter contre l'indépendance, et 45 % pour. Près de 4 % demeurent indécis et environ 2 % ne comptent pas voter.

D'après ICM, le Non arrive en tête (42 %) devant le Oui (40 %), mais le nombre d'indécis demeure élevé à 17 %.

Du côté des entreprises, le grand magasin John Lewis a mis en garde les consommateurs écossais, affirmant qu'ils seraient susceptibles de faire face à une hausse des prix après l'indépendance, un avertissement également relayé par la chaîne de supermarchés Asda.

Prenant le contrepoint de cette position, le président de la chaîne de pubs JD Wetherspoon a qualifié d'«absurdité totale» l'argument selon lequel l'Écosse serait trop petite pour prospérer.

«La Nouvelle-Zélande a une population équivalente à l'Écosse et sa propre monnaie et elle se porte extrêmement bien. Singapour a une économie fantastique avec seulement deux à trois millions d'habitants, tout comme la Suisse», a-t-il fait valoir.