« Je connaissais quatre personnes qui vivaient dans l'immeuble. Certains n'en sont pas sortis vivants, mais avant de les pleurer, je pense à ceux qui sont toujours en-dessous. J'attends... »

Florian ravalait ses sanglots mais ne pouvait retenir ses larmes. Le jeune homme de 19 ans a perdu son ami d'enfance dans l'effondrement d'un immeuble causé vraisemblablement par une fuite de gaz, dimanche matin, dans la banlieue parisienne de Rosny-sous-Bois.

Dimanche soir, les autorités avaient confirmé six morts, et deux autres personnes se trouvaient toujours sous les décombres. On compte aussi une dizaine de rescapés blessés, dont quatre sont dans un état grave.

Parmi les victimes, une mère et son fils, qui seraient toujours en vie s'ils avaient prolongé leurs vacances de 24 heures. Il y a aussi une octogénaire avec qui les pompiers avaient établi un contact visuel avant qu'elle ne succombe à ses blessures.

Florian faisait le pied de grue avec ses amis Romain et Alexandre à l'extérieur du périmètre de sécurité. Son ami Lucas, à qui il rendait fréquemment visite, fait partie des victimes. « Nous sommes des amis de toute la famille, donc on attend... », a dit Alexandre. « Il y a aussi le gardien de la loge d'entrée qui est toujours sous les décombres. On le voyait tout le temps », a ajouté Romain, âgé de 20 ans.

L'explosion, survenue dimanche matin à 7 h 30, a réveillé tout le voisinage. Le son a eu l'effet d'une bombe dans les environs de la rue Victor-Hugo. « Avec le bruit, j'ai pensé que l'explosion avait eu lieu chez nous. Comme tout le monde, je suis sorti et j'ai vu qu'une équipe de secours était déjà sur place », a indiqué à La Presse Hamid Yanes, alors qu'une adolescente en larmes faisait les 100 pas devant nous. « Elle a perdu son ami. Moi, je connaissais bien la femme et son fils. »

En soirée, dimanche, des dizaines de pompiers et policiers fouillaient toujours les décombres alors qu'une pelle mécanique dégageait les débris.

La scène donnait froid dans le dos. La moitié de l'immeuble de quatre étages s'est effondrée comme un château de cartes. Soufflés par l'explosion, des logements ont été littéralement coupés en deux, laissant des moitiés de pièces quasi intactes, avec le frigo ou les toilettes.

« Les pompiers sont à pied d'oeuvre pour déblayer les débris. Il y aura des projecteurs pour que le travail puisse continuer toute la nuit. Des équipes se relayeront tant que tous les corps n'auront pas été trouvés, a dit à La Presse le conseiller municipal Menahd Ouchenir. Comme il y a un risque d'écroulement du pan de l'immeuble qui reste, il y a aussi une surveillance technique », a-t-il ajouté.

Le représentant de la mairie de Rosny-sous-Bois se dirigeait alors dans le gymnase d'une école transformée dimanche en cellule d'urgence psychologique pour les familles et les proches des victimes.

Une chapelle ardente devait également être aménagée au cours de la nuit dernière pour réunir les corps trouvés sous les décombres.

Une fuite de gaz

Dimanche matin, le ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, s'est rendu sur les lieux du drame. Il a été le premier à évoquer « une explosion vraisemblablement occasionnée par une fuite de gaz ».

Des travaux de la société Électricité Réseau Distribution France (ERDF) avaient lieu depuis quelques jours dans le voisinage. Interrogé par l'Agence France-Presse, ERDF a refusé de commenter.

Lors d'un discours clôturant le traditionnel rassemblement de l'Université d'été du Parti socialiste à La Rochelle, le premier ministre Manuel Valls a consacré ses premiers mots aux victimes du drame: « Permettez-moi d'abord d'adresser tout mon soutien et ma solidarité aux habitants de Rosny et de la Seine-Saint-Denis touchés par l'explosion et l'effondrement d'un immeuble », a déclaré le chef du gouvernement.

Le drame de dimanche est survenu sept mois avant que les détecteurs de fumée ne soient officiellement obligatoires dans les domiciles français.

Déposé en 2004, le projet de loi Morange a été adopté en 2010. Toutefois, la loi effective en mars 2015 n'obligera pas les propriétaires à se munir d'un détecteur de monoxyde de carbone, qui signale les fuites de gaz.

Or, plus du tiers des maisons individuelles se chauffent au gaz naturel en France, selon des données de 2010.

L'an dernier, quatre personnes de la même famille sont mortes dans une explosion causée par une fuite dans un HLM de Witry-les-Reims. Le funèbre incident a même donné lieu à un procès.