Le premier ministre sortant, Hashim Thaçi, dont le parti est arrivé en tête des législatives de dimanche, était à la recherche lundi d'une majorité parlementaire lui permettant de gouverner pour un troisième mandat consécutif cette jeune nation indépendante de la Serbie depuis 2008.

«C'est une victoire du Kosovo et de ses citoyens. Nous allons immédiatement nous mettre à l'oeuvre, jour et nuit, pour édifier l'État que nos citoyens souhaitent», a déclaré M. Thaçi commentant les résultats du vote.

Son Parti démocratique du Kosovo (PDK) est en tête avec 31,21 % de voix suivi du principal parti d'opposition, la Ligue démocratique du Kosovo (LDK) avec 26,13 %, après le comptage de plus de 94 % des suffrages, selon des résultats publiés par la Commission électorale centrale.

Le PDK remportait ainsi 35 des 120 sièges que compte le Parlement et devra impérativement chercher des partenaires pour former une majorité.

Du côté de l'opposition, qui avant le scrutin excluait une alliance avec le parti de M. Thaçi, la LDK peut compter sur 30 sièges, le parti Autodétermination (Vetevendosje) sur 15 et l'Alliance pour l'avenir du Kosovo (AAK) de Ramush Haradinaj sur 10 sièges.

«Il faut désormais voir qui formera la majorité, car le PDK de M. Thaçi, n'est que le premier parmi les partis minoritaires au Parlement», notait lundi le quotidien Zeri.

Former une majorité, une tâche laborieuse

Pour M. Thaçi, la tâche s'annonce laborieuse, faisaient valoir les analystes.

«La seule solution de longue durée serait une coalition avec un des trois principaux partis d'opposition», a estimé l'analyste politique Arbana Xharra.

Le futur gouvernement risque d'être «très instable», a fait valoir pour sa part Lumir Abdixhiku, un autre analyste politique.

«Les pressions de la communauté internationale seront grandes notamment sur l'AAK et la LDK. À la fin, une de ces deux formations décidera d'entrer» dans une coalition avec le parti de M. Thaçi, a noté pour sa part, Enver Robeli, un spécialiste des Balkans.

Le journal Koha Ditore soulignait qu'«il n'y a pas de vainqueur» du scrutin de dimanche.

«Toutes les options restent ouvertes en ce qui concerne la formation du futur gouvernement. Tous les partis qui affirmaient ne pas vouloir s'allier avec le PDK pourraient désormais changer d'avis», écrit le quotidien.

La répartition des mandats, telle qu'elle se profile, fait gagner en importance le soutien des députés des Serbes du Kosovo, qui ont répondu à l'appel des autorités à Belgrade de se rendre aux urnes.

Leur participation au scrutin - quelque 53 000 des 120 000 Serbes du Kosovo ont voté selon la presse à Belgrade -, représentait un des principaux enjeux du vote de dimanche.

Les 10 sièges au Parlement kosovar qui leurs sont garantis par la loi sont en position de faire la différence dans la lutte pour le pouvoir.

Ancien chef de la guérilla indépendantiste reconverti dans la politique, M. Thaçi, âgé de 46 ans, s'est présenté aux élections fragilisé par une mauvaise situation économique et un taux de chômage de 35 % pour une population de 1,8 million d'habitants.

Il a pourtant favorisé le rapprochement du Kosovo avec l'Union européenne (UE) en contribuant à la conclusion, en avril 2013, d'un accord historique pour améliorer les relations avec la Serbie, sous la houlette de Bruxelles même si Belgrade refuse toujours de reconnaître l'indépendance du Kosovo.

La lutte contre la corruption endémique et le crime organisé seront les principaux défis à relever, quel que soit le nouvel exécutif kosovar.

Au Kosovo, l'un des pays les plus pauvres d'Europe, 47 % de la population vit dans la pauvreté avec environ 80 euros (environ 119 $) par mois, alors que le salaire mensuel moyen est de 350 euros.