Le président russe Vladimir Poutine sera présent à la commémoration du 70e anniversaire du Débarquement allié en Normandie le 6 juin, à l'invitation de la France qui a jugé sa participation «bienvenue» en hommage aux soldats russes ayant combattu le nazisme.

Sur fond de crise ukrainienne qui tend les relations entre la Russie et les pays occidentaux, l'ambassadeur de Russie en France a levé le doute jeudi sur la participation de Vladimir Poutine aux cérémonies, auxquelles doivent notamment assister le président américain Barack Obama et la chancelière allemande Angela Merckel.

«Le président Poutine a été invité par le président Hollande (...). Il a accepté cette invitation, il viendra le 6 juin, il sera en Normandie», a déclaré l'ambassadeur, Alexandre Orlov, sur la chaîne BFM TV.

Le président français François Hollande avait peu auparavant indiqué que «comme représentant du peuple russe», le chef de l'État était le «bienvenu» pour ces cérémonies, en dépit de la crise ukrainienne.

«On peut avoir des différends avec Vladimir Poutine, mais moi je n'oublie pas et n'oublierai jamais que le peuple russe a donné des millions de vies» lors de la Seconde Guerre mondiale, a expliqué M. Hollande à la chaîne France 2.

«Tout à l'heure, j'ai salué des anciens combattants et parmi eux, il y avait des vétérans de l'armée soviétique, je leur ai dit combien j'étais heureux qu'ils puissent être là aujourd'hui», a-t-il fait valoir, après avoir célébré jeudi matin à l'Arc de triomphe le 69e anniversaire de la victoire du 8 mai 1945.

François Hollande avait précisé en mars, en pleine crise avec la Russie sur la Crimée, qu'il maintenait l'invitation de Vladimir Poutine aux célébrations.

Les pays occidentaux avaient toutefois annulé au même moment un sommet du G8 avec M. Poutine prévu en juin à Sotchi (Russie), remplacé par une réunion du G7 les 4 et 5 juin à Bruxelles, soit juste avant la commémoration du Débarquement allié.

Ce geste visait à sanctionner Moscou après le rattachement à la Russie de la péninsule ukrainienne de Crimée. Une insurrection prorusse a ensuite gagné les régions de l'est et du sud de l'Ukraine, que les Occidentaux accusent Moscou d'attiser voire d'orchestrer directement.

Le ministre français de la Défense Jean-Yves Le Drian a également assuré jeudi que la participation de M. Poutine le 6 juin était «dans l'ordre des choses».

«Je ne vois pas pourquoi on interdirait au président du peuple russe, qui a laissé 9 millions des siens dans la bataille contre le nazisme», de participer à cette commémoration en France, a déclaré le ministre.

«La bataille de Normandie n'aurait pas abouti s'il n'y avait pas eu, de l'autre côté, le front de l'est», a souligné M. Le Drian, ajoutant que «ce serait une insulte à tous ces morts» si M. Poutine ne venait pas.

Selon l'ambassadeur de Russie en France, le président russe pourrait rencontrer des dirigeants occidentaux en marge de cette commémoration.

«Je crois que quand les chefs d'État se rencontrent, il y a toujours de quoi parler, surtout actuellement. Je pense qu'il y a quelques rencontres qui peuvent être prévues», a indiqué M. Orlov, en référence à la situation en Ukraine.

Les insurgés prorusses d'Ukraine ont décidé de maintenir dimanche leur référendum d'indépendance, ignorant un appel de Vladimir Poutine à le reporter, tandis que Kiev a annoncé la «poursuite» de son opération militaire dans l'Est.