L'opposante emprisonnée Ioulia Timochenko a demandé aux leaders européens de «libérer l'Ukraine» en faisant tout pour signer un accord d'association avec Kiev au sommet du Partenariat oriental de l'UE qui s'ouvre jeudi à Vilnius.

Cette signature est improbable, une semaine après la volte-face du pouvoir ukrainien qui a suspendu les préparatifs d'un accord pour se tourner vers Moscou, provoquant des manifestations de l'opposition pro-européenne à Kiev et dans d'autres villes du pays.

Le président Viktor Ianoukovitch a cependant indiqué mercredi qu'il se rendrait à Vilnius, affirmant que l'Ukraine gardait l'intention de signer un jour un accord d'association.

«Si sous la pression des manifestations en Ukraine Ianoukovitch décide tout de même au dernier moment de signer l'accord (...), je vous demande de signer vendredi sans hésitation et sans condition, y compris concernant ma propre libération», a écrit dans un message transmis par ses proches Mme Timochenko, dont la libération était jusqu'à présent une condition clé posée par l'UE au pouvoir ukrainien.

«Il ne faut aujourd'hui pas seulement libérer des prisonniers politiques. Il faut libérer l'Ukraine», a ajouté l'opposante.

«En signant avec nous un accord, vous aiderez tout un peuple à franchir un fossé de civilisation créé par des idéologies erronées et des empires agressifs», a poursuivi l'ex-première ministre.

«Faites encore un pas important vers la réunion complète de l'Europe», a-t-elle écrit.

L'Ukraine, après avoir fait partie de l'Empire russe, a été une des républiques de l'Union soviétique au même titre que la Russie, jusqu'à l'indépendance en 1991.

Mme Timochenko, condamnée à sept ans de prison pour abus de pouvoir après l'élection en 2010 de Viktor Ianoukovitch, dont elle était le principal adversaire, a annoncé lundi entamer une grève de la faim en détention pour protester contre la volte-face de Kiev à l'égard de l'UE.

«L'Ukraine, c'est l'Europe», avait-elle déclaré dans une adresse aux manifestants diffusée mardi soir par sa fille Evguenia, appelant tous les partis d'opposition à s'unir afin d'obtenir la signature de cet accord historique.

L'Ukraine a reconnu mercredi avoir rejeté l'offre européenne sous l'influence de la Russie, qui voit d'un très mauvais oeil un rapprochement entre l'UE et l'ex-république soviétique.

Kiev a proposé des négociations à trois, incluant la Russie, sur la nature du partenariat pouvant être mis en place, mais l'UE a d'ores et déjà fait part de son scepticisme.

Le président ukrainien devait cependant se rendre à Vilnius dans l'après-midi de jeudi, selon son service de presse.

La fille de Mme Timochenko, Evguenia, est arrivée à Vilnius jeudi matin pour défendre la cause européenne de l'Ukraine - et celle de sa mère emprisonnée - pendant le sommet.

Le dirigeant du parti d'opposition Oudar, le champion du monde de boxe Vitali Klitschko, le leader du parti d'opposition Liberté, Oleg Tiagnibok, et un allié de Mme Timochenko, Arseni Iatseniouk, étaient déjà à Vilnius jeudi.

M. Klitschko devrait notamment rencontrer jeudi le commissaire européen responsable de la politique de voisinage, Stefan Füle.

«L'Union européenne est toujours ouverte à la signature d'un accord d'association et de libre-échange avec l'Ukraine», a affirmé M. Füle, dans une interview à l'agence de presse Interfax à la veille du sommet, selon ses propos traduits en russe.

L'opposition ukrainienne pro-européenne manifestait jeudi sur la place de l'Indépendance à Kiev, haut lieu de la Révolution orange pro-occidentale de 2004, pour la cinquième journée consécutive, réclamant la signature de l'accord.

Environ 300 personnes réunies en plein centre de la capitale ukrainienne scandaient «l'Ukraine, c'est l'Europe» dans la matinée, et des milliers de manifestants devaient se rassembler sur la place de l'Indépendance vers 18 h 30 GMT (13 h 30 à Montréal), selon l'opposition.

Pour leur part, une vingtaine de militants pro-russes ont organisé jeudi matin les «Obsèques solennelles de l'accord d'association avec l'UE», déposant un cercueil symbolisant ce processus devant la représentation de l'Union européenne à Kiev, selon un photographe de l'AFP.