Trois Éthiopiens qui ont survécu à la longue dérive du canot dans lequel ils avaient tenté de fuir la Libye en 2011 ont porté plainte, hier, devant un tribunal belge. Après la France, l'Espagne et l'Italie, c'est donc au tour de la Belgique d'être accusée de non-assistance à personne en danger relativement à cette tragédie, qui a coûté la vie à 63 personnes en mer Méditerranée.

Lampedusa

Le 27 mars 2011, un canot gonflable quitte la Libye avec 72 personnes à bord, des migrants africains qui fuient la guerre civile. Destination: l'île italienne de Lampedusa, située au large des côtes africaines. Le voyage tourne cependant au cauchemar. Malgré la présence dans la zone de plusieurs navires militaires de plusieurs pays, les appels de détresse répétés provenant de l'embarcation de fortune restent sans réponse. Après 15 jours à la dérive, le bateau a échoué sur les côtes libyennes. Soixante-trois personnes, dont vingt femmes et trois enfants, sont mortes.

Détresse

Un rapport du Conseil de l'Europe publié en 2012 a reproché à l'OTAN et à ses pays membres d'avoir ignoré les appels de détresse du canot à la dérive. Le droit maritime stipule qu'il y a obligation, en mer, de porter assistance à toute personne en danger. Selon la Fédération internationale des ligues de droits de l'homme (FIDH), un message de détresse a été relayé toutes les quatre heures pendant dix jours aux navires militaires patrouillant alors en mer Méditerranée. La FIDH ajoute qu'au moins un avion, un hélicoptère et un navire militaire provenant de pays non identifiés ainsi que deux bateaux de pêche ont ignoré les appels à l'aide des occupants du canot.

Plainte

Personne n'est venu à leur aide. Pourquoi? C'est ce que les survivants veulent savoir», explique Arthur Manet, attaché de presse pour la FIDH à Paris. Avant la Belgique, une plainte formelle pour crime de guerre et non-assistance à personne en danger a aussi été déposée en France, en Espagne et en Italie depuis 2012. Au Canada, au Royaume-Uni et aux États-Unis, les victimes ne peuvent se constituer en partie civile pour porter plainte. Des demandes d'information aux autorités militaires de ces trois pays, qui avaient aussi déployé des vaisseaux en mer Méditerranée à l'époque, sont restées lettre morte.

Charlottetown

La marine canadienne a été montrée du doigt en mer Méditerranée après une intervention de la frégate (Charlottetown) auprès d'une autre embarcation remplie de migrants illégaux au printemps 2011. Une association italienne d'aide aux réfugiés a accusé les forces canadiennes d'avoir procédé à une intervention sommaire auprès d'un bateau à bord duquel se trouvaient des femmes enceintes. Une des femmes a finalement accouché à bord, tandis qu'une autre aurait fait une fausse couche. La Défense nationale canadienne affirme avoir offert une assistance technique et médicale ainsi que des vivres pour permettre au bateau de poursuivre sa route jusqu'en Italie et que personne à bord ne nécessitait une aide médicale d'urgence.

- Avec l'AFP