Les autorités grecques enquêtent sur des disparitions d'enfants originaires de plusieurs pays étrangers qui pourraient ressembler à la mystérieuse fillette blonde dont la découverte dans un camp rom a provoqué des milliers d'appels de parents ou proches d'enfants disparus.

«Il y a une dizaine de cas de disparitions d'enfants originaires de pays tels que les États-Unis, la Suède, la Pologne et la France, qui sont l'objet de recherches plus approfondies», du fait d'une ressemblance avec la fillette blonde, a déclaré mardi à l'AFP Panagiotis Pardalis, porte-parole de l'association «Le sourire de l'enfant», qui est chargée de prendre soin de la petite fille.

La fillette blonde aux yeux verts, qui répond au prénom de Maria, a été trouvée mercredi dernier lors d'un contrôle de police dans le camp rom de Farsala, près de Larissa, dans le centre de la Grèce.

La police a dans un premier temps indiqué qu'elle était âgée de quatre ans, mais la presse affirme que des examens dentaires ont permis d'établir qu'elle en a plutôt cinq, ou six.

Le couple de Roms qui en avait la garde - un homme de 39 ans et sa femme, 40 ans - a été inculpé lundi d'«enlèvement» et placé en détention dans l'attente d'un procès.

Ils ont affirmé au juge que l'enfant leur avait été donnée peu après sa naissance par sa mère, une Rom bulgare, parce qu'elle ne pouvait pas s'en occuper.

La Cour suprême grecque a de son côté ordonné une enquête sur les actes de naissance établis ces six dernières années à travers le pays.

Tous les procureurs des tribunaux du pays devront vérifier les certificats susceptibles de dissimuler «d'éventuels cas de trafic d'êtres humains, enlèvements ou adoptions illégales».

La police enquête parallèlement auprès d'hôpitaux et de centres d'accueil sur d'éventuels trafics d'enfants, constatés dans le passé entre la Grèce et la Bulgarie.

«La police poursuit des recherches dans toutes les directions» pour établir l'identité de la fillette, déclarait lundi à l'AFP un représentant de la police de Larissa.

En 2011, alors que le trafic de bébés bulgares était en pleine expansion, les polices des deux pays avaient arrêté dix Bulgares et deux Grecs, accusés d'avoir acheminé en Grèce 17 femmes bulgares enceintes, pour vendre ensuite leurs nouveau-nés.

Les intermédiaires empochent de 15 000 à 20 000 euros (21 300 à 28 300 dollars) par enfant dans ce type d'opérations réalisées entre les deux pays, selon des enquêteurs cités par l'agence de presse grecque Ana.

Le trafic de bébés est facilité en Grèce par des lacunes dans la législation sur le régime d'adoption, en particulier lorsqu'il s'agit d'enfants étrangers, relèvent des experts.

Directeur limogé

La diffusion par la police de photos de la fillette a provoqué des milliers d'appels et de mails de parents ou de proches d'enfants disparus, en Grèce et à l'étranger.

L'association «Le sourire de l'enfant», qui avait reçu plus de 8000 appels à la fin du week-end dernier, transmet ces messages à la police.

«Il y a des parents (d'enfants disparus) qui vivent dans l'angoisse depuis des années. Et on a tendance à l'oublier. Le cas de cette fillette nous le rappelle, et nous rappelle qu'il faut agir», a ajouté M. Pardalis.

Le responsable de cette association a précisé que Maria se trouve actuellement dans un hôpital d'Athènes dont il n'a pas donné le nom, et qu'elle rejoindra prochainement un centre de l'association.

Selon la police, le couple de Roms avait enregistré 14 enfants, pour la plupart à l'aide de faux documents, ce qui leur permettait de bénéficier d'allocations familiales.

Outre l'inculpation pour «enlèvement», le couple a d'ailleurs été inculpé lundi de «constitution de faux papiers» concernant la déclaration de naissance de la mystérieuse fillette à la mairie d'Athènes.

Lundi soir, le maire d'Athènes George Kaminis a limogé le directeur du registre des naissances où la fillette avait été enregistrée en 2009.

«Cette affaire a mis au jour des dysfonctionnements à tous les niveaux», a déclaré M. Kaminis, précisant que le nombre des déclarations irrégulières, la plupart du temps pour bénéficier d'allocations, a été multiplié par huit depuis 2011.