L'office allemand chargé des crimes nazis a annoncé mardi qu'il transférait à la justice les dossiers de trente gardes présumés du camp de concentration d'Auschwitz, en recommandant des poursuites pour complicité de meurtre.

L'Office, qui ne peut engager lui même des poursuites, a examiné 39 dossiers d'anciens gardes présumés d'Auschwitz, dont le plus âgé a 97 ans, a déclaré le procureur spécial Kurt Schrimm, lors d'une conférence de presse à Ludwigsbourg (ouest).

«Les dossiers vont être transmis aux procureurs concernés», dans les États régionaux où résident ces criminels de guerre présumés, a expliqué M. Schrimm.

L'Office central d'enquête sur les crimes du national-socialisme, qu'il dirige, a mené plus de 7000 enquêtes depuis sa création en 1958, mais il n'a pas le pouvoir d'engager des poursuites.

Il reviendra aux procureurs régionaux de décider s'il y a matière à poursuites, et si les accusés sont aptes à être jugés.

L'Office avait identifié à l'origine 49 gardes présumés du camp d'Auschwitz, construit par les nazis en Pologne occupée. Neuf sont morts, et trente vivent encore en Allemagne.

Un des survivants est jugé en ce moment à Stuttgart (sud-ouest).

Plus de 6000 personnes ont travaillé à Auschwitz, ou quelque 1,1 million de juifs, Tziganes, homosexuels ou opposants politiques ont péri dans des chambres à gaz, d'épuisement relatif au travail forcé ou de maladie.

Pendant plus de 60 ans, les tribunaux allemands n'ont jugé que des accusés pour lesquels ils disposaient de preuves directes ou de témoignages.

Mais la condamnation de l'apatride d'origine ukrainienne John Demjanjuk à Munich en mai 2011 a fait jurisprudence. Demjanjuk avait été jugé coupable de participation aux meurtres de 28 000 juifs, le tribunal ayant établi qu'il était garde au camp de Sobibor, même sans prouver son implication directe dans les crimes.

L'annonce de l'Office chargé des crimes nazis est intervenue au lendemain de l'ouverture à Hagen (ouest) du procès d'un ancien SS de 92 ans accusé d'avoir tué en septembre 1944 un résistant néerlandais dans le nord des Pays-Bas.

Depuis les procès des dignitaires nazis à Nuremberg en 1945-46, environ 106 000 soldats allemands ou nazis ont été jugés, 13 000 reconnus coupables et la moitié condamnée, selon l'Office.