L'opposant russe Alexeï Navalny a été brièvement interpellé dimanche par la police à Moscou après une réunion de campagne en vue des élections municipales du 8 septembre, où il se présente contre le maire sortant soutenu par le Kremlin.

Le candidat à la mairie moscovite a été escorté dans une voiture de police à la fin de son discours devant une assemblée de plusieurs milliers de personnes, sans que ses proches ne sachent où il serait emmené.

Il n'a pas opposé de résistance quand les policiers sont venus le chercher alors qu'il descendait de la scène, selon des journalistes de l'AFP.

Environ une demie-heure plus tard, le service de presse de la police de Moscou a indiqué à l'agence Interfax que M. Navalny, que son équipe de campagne n'arrivait pas à joindre, avait été relâché.

«Un des candidats à la mairie de Moscou a été convié dimanche à une discussion au poste de police sur les violations de la législation en matière de manifestation de masse», a déclaré un porte-parole de la police.

«Après discussion, le citoyen a quitté le poste de police», a-t-il ajouté.

«Libre», a ensuite confirmé sur Twitter la porte-parole de l'opposant, Anna Veduta.

Un peu plus tard, M. Navalny a rassuré ses partisans sur Twitter.

«Tout va bien», a-t-il écrit, expliquant avoir été emmené jusqu'à un poste de police. «Le chef de police m'a offert une pomme (de sa datcha) en me disant que j'étais parfaitement libre», a-t-il ajouté avec ironie.

Avant cette interpellation, M. Navalny s'était exprimé pendant près d'une heure à Sokolniki, un quartier du nord-est de Moscou devant «5000 à 7000 personnes» selon sa porte-parole.

Quelques dizaines de membres des forces de l'ordre étaient aussi présentes.

Pendant la réunion, des jeunes gens en civil ont tenté de couper les câbles électriques de la scène, selon les journalistes de l'AFP.

Devenu opposant numéro un au président russe Vladimir Poutine pendant les manifestations de 2011-2012, Alexeï Navalny a multiplié les initiatives et mené une campagne active ces dernières semaines à Moscou pour remporter la mairie.

Selon un sondage de l'institut propouvoir Vtsiom publié mi-août, M. Navalny arriverait en deuxième position avec 13 % des voix à l'issue du scrutin, contre près de 67 % pour le maire sortant soutenu par le Kremlin, Sergueï Sobianine.

Selon un autre sondage, de l'institut Comcon, également publié mi-août, M. Navalny obtiendrait 19,9 % des voix, contre 63,5 % pour M. Sobianine.

Jeudi, la commission électorale de Moscou avait menacé le candidat d'invalider sa candidature en raison de violations présumées dans sa campagne, signe selon l'opposant des craintes des autorités. Le lendemain, elle l'avait finalement autorisé à poursuivre sa campagne, en ne lui donnant qu'un «avertissement».

Mi-août, la commission électorale avait accusé M. Navalny de recourir à des «procédés malhonnêtes» dans sa campagne après la saisie de matériel dans un appartement à Moscou, qualifié d'«illégal» par les forces de l'ordre.

Auparavant, il avait aussi été accusé de recevoir des financements étrangers pour sa campagne, ce qui est interdit.

Alexeï Navalny a été condamné le 18 juillet à cinq ans de détention pour détournements de fonds d'une exploitation forestière publique, une affaire qu'il considère fabriquée de toutes pièces.

Il a cependant été remis en liberté le lendemain jusqu'à l'examen de son appel dont la date n'a pas été annoncée jusqu'ici.