«Vive le roi, vive la Belgique!» Plusieurs milliers de personnes ont accueilli avec enthousiasme vendredi à Liège (sud-est) le roi Albert II pour sa dernière sortie publique avant son abdication dimanche au profit de son fils Philippe.

Sous un soleil éclatant, en présence de six à huit mille personnes selon la police, le souverain avait choisi la «cité ardente» pour ses adieux en tant que chef de l'État.

C'est à Liège que, âgé d'un peu plus d'un an, en 1935, il avait été présenté à la population par ses parents, le roi Léopold III et la reine Astrid, sur le balcon de l'Hôtel de ville de la cité wallonne. Il portait alors le titre de «prince de Liège», qu'il a conservé jusqu'à son accession au trône au décès de son frère, le roi Baudouin, en 1993.

Soixante-dix-huit ans plus tard, sur le même balcon, l'émotion était à nouveau présente lorsque la reine Paola a tendrement embrassé le vieux souverain à deux reprises, la main chaleureusement passée sur son épaule, sous les vivats redoublés.

Albert II a même versé discrètement une larme quelques minutes plus tard, lors de la projection de la «joyeuse entrée» qu'il avait effectuée à Liège en 1959 avec sa délicieuse fiancée italienne, la future reine Paola.

Après avoir visité Gand, en Flandre, mercredi, où seules quelques centaines de partisans étaient venus les saluer, puis Eupen jeudi, au coeur de la petite région germanophone de Belgique, où l'accueil avait été nettement plus chaleureux, le couple royal a donc suscité un enthousiasme réel chez les Liégeois pour sa dernière sortie officielle.

Phénoménal

Les souverains ont tout d'abord découvert l'opéra royal de Wallonie, un théâtre à l'italienne datant de 1820. Au neuvième étage, Albert et Paola se sont fait expliquer, depuis le «grill», situé à 22 mètres au-dessus de la scène, le fonctionnement de la machinerie ultra-moderne installée lors de la rénovation du théâtre, achevée en 2012. Ils ont ensuite assisté à une démonstration des changements de plateaux, entièrement automatisés. «Remarquable!», a lancé Albert II.

Mais c'est entre l'opéra et l'Hôtel de ville que la population a pu approcher au plus près du couple royal, qui a parcouru à pied, en une demi-heure, une centaine de mètres, embrassant les enfants, recevant des cadeaux et serrant les mains des Liégeois massés derrière des barrières.

Une «joyeuse sortie» effectuée dans une ambiance bon enfant où les «Vive le roi, vive la Belgique» succédaient aux «Il est vraiment, il est vraiment... il est vraiment phé-no-mé-nal» lancés par les plus jeunes.

«C'est la première fois que je le vois. Je veux lui souhaiter une bonne retraite, le roi redevient quelqu'un comme tout le monde», explique dans la foule Jeannine Croupet, une retraitée.

«Un roi, c'est plus beau qu'un président»

«La France et l'Italie ont des présidents... et ça ne va pas mieux. Au moins, un roi, c'est plus beau», ajoute sa soeur Monique. Elle pense que le roi Philippe, qui prêtera serment dimanche, «aime son pays» et qu'il est «prêt depuis longtemps». «Ça reste à prouver», l'interrompt Jeannine, faisant allusion aux doutes qui subsistent en Belgique sur l'aptitude du prince Philippe, peu à l'aise en public, à reprendre le flambeau.

Bernadette Dejong a fait plus de 100 kilomètres pour saluer le roi une dernière fois. «Albert et Paola, c'est un peu la famille, on ne voudrait pas qu'il leur arrive quelque chose», dit-elle.

«Philippe sera parfait. Il a un autre style, mais c'est normal, il est plus jeune», ajoute-t-elle, avant de concéder: «Il n'est pas sûr de lui, il doit encore faire ses preuves».