Barack Obama doit invoquer la solidarité américano-allemande durant la Guerre froide dans un discours mercredi Porte de Brandebourg à Berlin, mais il sera mis sur le gril à propos du programme américain d'espionnage du net.

Cinquante ans presque jour pour jour après le «Ich bin ein Berliner» de John F. Kennedy, et 26 après que Ronald Reagan a lancé son «M. Gorbatchev, abattez ce Mur», Obama va plaider pour qu'une nouvelle génération se lance à l'assaut des nouveaux défis de l'Histoire.

Il doit aussi avoir un entretien en tête à tête avec la chancelière Angela Merkel, avec laquelle il a selon des témoins développé une relation empreinte de respect mais qui a déjà fait savoir qu'elle réclamerait des détails sur le programmes d'espionnage du net, qui viseraient singulièrement les étrangers.

Bien qu'il demeure extrêmement populaire en Allemagne, Obama aura fort à faire pour être à la hauteur des espoirs qu'il avait suscités il y a 5 ans, lorsqu'il était candidat et avait été accueilli comme une rock star par 200.000 personnes.

Depuis ses appels à une alliance transatlantique pour «changer le monde» en combattant le terrorisme, le réchauffement climatique, le conflit du Proche-Orient ou la pauvreté, Obama a dû prendre la mesure de la résistance au changement, dans son pays comme à l'étranger.

Mais la frustration ne devrait pas obérer sa rhétorique, selon son conseiller adjoint pour la sécurité nationale, Ben Rhodes.

«Chaque fois qu'un président parle à Berlin, notre histoire d'après-guerre est en toile de fond, et c'est impressionnant, expliquait-il.

«C'est ici que les présidents sont venus pour parler du rôle du monde libre», soulignait-il.   «Il serait facile de penser que l'Histoire est derrière nous. Le Mur est tombé. Il n'y a pas de menace de guerre nucléaire mondiale. Les menaces auxquelles nous sommes confrontés sont plus lointaines», analysait Ben. Rhodes.

«Son message essentiel sera que pour faire face au défis d'aujourd'hui il faut le même niveau d'engagement citoyen et le même militantisme que ce que  prônait Kennedy dans son discours et dont on avait besoin durant la Guerre froide», selon lui.

Lorsqu'il rencontrera Angela Merkel en milieu de journée à la chancellerie, M. Obama sera pressé de questions sur l'ampleur du programme de l'Agence américaine de sécurité nationale (NSA) qui collecte des données circulant sur le net et fouille des relevés téléphoniques, aux Etats-Unis et à l'étranger.

La question est particulièrement sensible dans un pays où une partie de la population était constamment espionnée par la police politique de l'ex-RDA communiste, la Stasi.

«Je vais réclamer plus de transparence», a averti lundi Mme Merkel, qui a grandi en ex-RDA, comme le Président de la république Joachim Gauck qui recevra M. Obama en début de matinée.

Obama, qui est arrivé mardi soir à Berlin en provenance du sommet du G8 en Irlande du Nord, a assuré se féliciter du débat entre protection des données personnelles et défense contre le terrorisme.

Mais il n'est pas certain qu'il satisfasse les Allemands, tant ses explications ont été jusqu'à présent floues.

Son discours interviendra quelques jours avant le cinquantenaire du 26 juin 1963 et du fameux «Ich bin ein Berliner» de Kennedy, à l'hôtel de ville de Berlin-Ouest, deux ans après la construction du Mur.

Et en 1987, alors qu'elle était encore en RDA, la Porte de Brandebourg elle-même a servi de fond de scène pour un temps fort de la Guerre froide, l'apostrophe de Ronald Reagan au leader soviétique Mikhail Gorbachev lui demandant d'abattre le Mur. Mais en ce mois de juin 2013 le président américain sera à l'est de la Porte, et il regardera vers le levant.

Barack Obama, qui est accompagné de sa femme Michelle et de leurs deux filles, regagnera Washington et ses tourmentes politiques mercredi soir après un dîner de gala donné par Angela Merkel et son mari Joachim Sauer.