C'est un projet commercial et immobilier à la place Taksim et dans le parc Gézi qui a mis le feu aux poudres d'Istanbul. «Ça a été l'étincelle à une accumulation de frustrations», indique Ece Ozlem Atikcan, professeure adjointe au département de science politique à l'Université Laval.

Le projet d'envergure comprend la construction d'une réplique d'une caserne ottomane en plus d'un centre commercial et d'une mosquée. Lundi, le maire d'Istanbul Kadir Topbas a plutôt annoncé qu'un musée sur l'histoire d'Istanbul remplacerait les boutiques.

Si le parc Gézi est peu fréquenté, la place Taksim est le Times Square d'Istanbul, explique Stefan Winter, spécialiste du Proche-Orient à l'époque ottomane à l'Université du Québec à Montréal.

«Ça incarne l'aspect moderne d'Istanbul», dit-il. Sous l'empire ottoman, de nombreux Européens habitaient dans le quartier où se trouve la place Taksim. La caserne d'origine avait d'ailleurs été détruite sous le régime républicain de la première moitié du XXe siècle, qui avait mis fin au règne ottoman.

De plus, on compte peu d'électeurs favorables au gouvernement conservateur du premier ministre Recep Tayyip Erdogan dans le quartier de cette place symbolique. Plusieurs partis de gauche ont déjà manifesté à cet endroit par le passé.

«S'il y a un aspect historique à la place Taksim, c'est surtout pour les manifestations des années 60 et 70, dont celle réprimée dans le sang en 1977, souligne le professeur Winter. C'est un lieu de mémoire pour la République plutôt que pour l'époque ottomane. Toutes les manifestations partent de la place Taksim.»