Plusieurs centaines de manifestants ont défilé samedi à Madrid contre «l'impunité financière», brandissant des pancartes réclamant «jugement et châtiment» pour les responsables de la débâcle financière de l'Espagne.

Sur les pancartes, les manifestants affichaient les photos de ceux qu'ils désignent comme coupables: Rodrigo Rato, ex-président de Bankia qui a précipité un sauvetage européen du secteur bancaire espagnol de 41,3 milliards d'euros, mais aussi le ministre de l'Économie Luis de Guindos, ou encore les présidents des banques Santander, Emilio Botin, et de BBVA, Francisco Gonzalez.

«Contre l'impunité financière, contre l'escroquerie des crédits hypothécaires, pour le droit au logement», proclamait l'immense banderole de tête du cortège qui a défilé devant les bureaux de l'association des banques, la Banque d'Espagne et l'Audience nationale, la cour qui instruit les plaintes contre Bankia. L'un des manifestants portait la banderole grâce à une corde de pendu sur ses épaules.

Cette marche est «une forme d''escrache''», nom donné aux manifestations qui ont lieu depuis plusieurs semaines sous les fenêtres des responsables politiques ou économiques, et menées par des associations luttant contre les expulsions de familles surendettées, explique Theresa Fernandez, une assistance sociale de 43 ans.

«Nous voulons montrer les responsables de la situation que vivent les familles victimes des crédits hypothécaires qui sont à la rue et qui doivent encore continuer à payer leur crédit», souligne Mme Fernandez, membre de la PAH, une association antiexpulsion à l'origine de cette marche.

«Les principaux responsables de la crise sont dans les conseils d'administration des groupes bancaires», a affirmé l'un des organisateurs en lisant un manifeste dans un porte-voix.

Il a aussi rappelé que le système des crédits espagnols a été mis récemment à l'index par la justice européenne à cause de certaines clauses pouvant être abusives.

L'association PAH est à l'origine d'une proposition de loi populaire qui a recueilli 1,4 million de signatures et qui prévoit l'extinction de la dette contre la saisie du logement, le gel des expulsions du domicile principal et la transformation en logements sociaux de tous les logements vides appartenant à des banques.

Près de 40 000 logements ont été saisis en Espagne en 2012 à la suite d'impayés, selon la Banque d'Espagne. Symboles de la crise et du chômage écrasant, les expulsions de propriétaires et locataires surendettés ont soulevé l'indignation dans le pays, alimenté par des suicides de personnes sur le point d'être expulsées de leur logement.