La tension montait vendredi en France à deux jours d'une nouvelle manifestation des opposants au mariage homosexuel à Paris, le ministre de l'Intérieur Manuel Valls mettant en garde contre des provocations de l'extrême droite qui paraît décidée à en découdre.

La loi ouvrant le mariage et l'adoption aux couples de même sexe a été définitivement adoptée fin avril par le Parlement français et promulguée samedi dernier, en dépit de la forte mobilisation de l'opposition de droite et des milieux catholiques.

Vendredi, le ministre de l'Intérieur a dit son «inquiétude» car «des groupes radicaux d'extrême droite veulent venir en nombre, non pour manifester mais pour créer l'affrontement et le désordre et pour s'en prendre aux symboles de la République».

Il a également dit «étudier» une dissolution du «Printemps français», une nébuleuse des opposants les plus radicaux au mariage homosexuel ayant appelé à des opérations coups de poing.

Dans un communiqué publié le 21 mai, le «Printemps français» a appelé à «une nouvelle résistance» face à une loi qui irait «contre les lois de la biologie et contre tout sens commun».

«La bataille ne fait que commencer. Elle se prolongera jusqu'à la victoire», ajoutait le texte du «Printemps français», créé en réaction à la ligne jugée trop modérée de certains opposants au mariage homosexuel, en particulier la porte-parole du collectif «La Manif pour tous», l'humoriste Frigide Barjot.

Cette dernière, qui a fait état de «menaces très graves» contre sa personne, a annoncé vendredi qu'elle ne pensait pas «en l'état actuel des choses» se rendre à la manifestation dimanche, malgré les mesures de protection promises par les autorités.

«choisir son camp»

Selon une source policière, les autorités tablent sur la présence dimanche d'«un peu moins de 150.000 manifestants». Leur crainte, les ultras de la droite, qui pourraient être entre 400 et 500, ne se mêleront pas forcément à la foule, mais auront «envie d'en découdre» pour ce «baroud d'honneur».

Depuis la grande manifestation nationale du 24 mars, émaillée d'incidents près des Champs-Élysées, des militants d'extrême droite sont en effet visibles en marge des actions contre le mariage homosexuel.

Très actif, notamment à Lyon (centre-est), le groupe d'extrême droite des Jeunesses nationalistes appelle à participer au défilé pour dire «non» à un «système qu'il faut abattre».

«Il est plus que temps de choisir son camp : celui du système, ou celui de la patrie», écrit Alexandre Gabriac, qui avait été exclu du Front national en 2011 après la diffusion d'une photo le montrant en train d'exécuter le salut nazi.

Les intégristes catholiques de Civitas organiseront également dimanche leur propre défilé contre «les ennemis du mariage, de la famille, de la France».

Ces crispations parmi les opposants apparaissent au moment où les Français semblent se lasser de ces défilés. Selon un sondage BVA publié pour i-télé et Le Parisien/Aujourd'hui en France, 62% souhaitent qu'ils cessent.

La droite, qui s'est mobilisée contre la loi des mois durant, apparaît également divisée sur l'attitude à adopter en cas de retour au pouvoir en 2017 après le quinquennat de François Hollande. Certains de ses responsables pensent en effet qu'il est illusoire de faire croire qu'ils pourront revenir en arrière et abroger la loi.

Le premier mariage d'un couple homosexuel doit être célébré mercredi à Montpellier, ville socialiste du sud de la France.