Moscou et Tokyo ont exprimé lundi leur détermination à négocier pour surmonter leur conflit territorial sur les îles des Kouriles du Sud réclamées par le Japon, au cours de la première visite officielle en dix ans d'un chef du gouvernement japonais en Russie.  

Le président russe Vladimir Poutine et le premier ministre japonais Shinzo Abe ont estimé que le fait que «67 ans après la fin de la Seconde Guerre mondiale aucun traité de paix n'ait été conclu entre la Russie et le Japon» était une «situation anormale», dans un communiqué commun adopté au Kremlin.

L'absence d'un traité de paix entre ces deux pays est liée au fait que Moscou et Tokyo se disputent quatre îles du sud de l'archipel des Kouriles, appelées Territoires du Nord au Japon, et annexées par les Soviétiques à la fin de la Seconde Guerre mondiale.

Les deux dirigeants ont dès lors exprimé leur «détermination» à «surmonter leurs divergences» et à négocier, afin de régler ce différend territorial.

Ils se sont mis d'accord pour ordonner à leurs ministres des Affaires étrangères respectifs d'accélérer les discussions pour trouver des options et parvenir à une solution mutuellement acceptable.

Les relations entre le Japon et la Russie s'étaient nettement refroidies après la visite en 2010 de Dmitri Medvedev, alors président de la Russie, dans cette région de l'archipel des Kouriles, la première d'un chef de l'État russe.

Cela avait provoqué la colère du Japon et le premier ministre japonais de l'époque, Naoto Kan, avait qualifié ce déplacement d'«outrage impardonnable».

En 2012, Dmitri Medvedev, devenu premier ministre, s'était à nouveau rendu sur l'une des îles Kouriles contestées, une visite qui avait également été condamnée par les autorités japonaises.

Mais en décembre dernier, M. Abe, à peine désigné premier ministre, et M. Poutine ont convenu de relancer les négociations en vue de la signature d'un traité de paix.

«Les discussions sur un accord pour un traité de paix ces dernières années stagnaient», a reconnu M. Abe.

C'est pourquoi il s'est réjoui des avancées faites à l'occasion de sa rencontre avec M. Poutine.

«Nous nous sommes mis d'accord sur le fait que nous allons relancer ces discussions et que nous allons accélérer ce processus. Je pense que c'est un bon résultat», a-t-il dit.

De son côté, le président russe s'est montré plus réservé.

«Bien sûr, cela ne signifie pas que nous allons tout régler demain», a-t-il déclaré.

«Nous n'avons pas été capables de régler ce problème au cours des 67-68 dernières années. Mais au moins, allons-nous continuer à travailler sur ce problème complexe», a ajouté M. Poutine.

«Nous n'avons pas créé ce problème. Nous l'avons hérité du passé. Et nous voulons sincèrement le régler dans des conditions mutuellement acceptables», a-t-il cependant renchéri.

Le premier ministre japonais, arrivé dimanche soir à Moscou, avait auparavant déjà clairement dit vouloir renforcer les liens avec Moscou et établir des relations solides avec le dirigeant russe.

«Je pense que nous avons établi des relations personnelles de confiance», a-t-il conclu lundi.

M. Abe, dont la visite en Russie est prévue pour durer jusqu'à mardi, est accompagné d'une importante délégation d'hommes d'affaires, signe que l'économie est aussi au coeur de cette visite.

Le Japon, qui peine à faire face à ses besoins énergétiques depuis la catastrophe de Fukushima, souhaite renforcer sa coopération avec la Russie dans ce domaine et augmenter ses importations.

Les échanges commerciaux entre la Russie et le Japon se sont établis à 32 milliards de dollars en 2012, en hausse de 5,3 % par rapport à 2011. Mais la Russie n'est que le 15e partenaire commercial du Japon.

Après la Russie, le chef du gouvernement japonais se rendra en Arabie saoudite, aux Émirats arabes unis et en Turquie.